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Louis Mandrin, la mondialisation de la contrebande au siècle des Lumières

Publié le par Yv

Louis Mandrin, la mondialisation de la contrebande au siècle des Lumières, Michael Kwass, Vendémiaire, 2016 (traduit par Dominique Taffin-Jouhaud)...

Louis Mandrin (1725-1755), issu d'une famille aisée est obligé, jeune homme, de prendre la suite de son père décédé. Après des déboires importants, il devient contrebandier entre la France et la Savoie alors gouvernée par les Princes de la maison de Savoie, en lutte contre la Ferme, l'administration française chargée de récolter les taxes et impôts profitant surtout à certains. Dans la région, Louis Mandrin est encore aujourd'hui très connu. Il fut arrêté en 1755, puis après un procès expéditif, roué et pendu sur la place de Clercs de Valence.

Gros ouvrage d'un professeur d'histoire étasunien qui ne s'arrête pas seulement sur la vie du contrebandier, mais explique les règles en cours à l'époque et remonte même un peu avant, au XVII° siècle, là où les Européens ont commencé à consommer : "Ils remplirent leurs maisons de meubles en bois (lits, chaises, commodes et garde-robes), d'équipements décoratifs (ustensiles de cuisine, poteries, horloges, miroirs et rideaux). Ils achetèrent davantage de vêtements (manteaux, costumes, chemises, culottes, robes et bas) et firent l'acquisition d'accessoires inédits (parapluies, tabatières et montres à gousset). Ils burent et mangèrent davantage (pain blanc, sucre, eau-de-vie) et investirent dans des sorties et des objets culturels (livres, tableaux, pièces de théâtre)(...) La société n'était pas certes saturée de biens au point que nous puissions évoquer une "consommation de masse" car un large groupe de personnes désespérément pauvres et durablement mal nourries resta exclu de cette effervescence." (p.36/37). Puis ce furent le café, le chocolat et les tissus d'Inde qui firent sensation. Puis, les pays européens, pour financer les guerres nombreuses et coûteuses taxèrent ces produits et la consommation -finalement nos dirigeants actuels n'inventent rien. C'est là que les contrebandiers entrent en scène, Louis Mandrin en tête.

Extrêmement bien expliqué et détaillé, ce livre n'est pas un roman et ne se lit donc pas comme tel. Il demande un peu d'attention, mais est à la portée d'un lecteur lambda, la preuve, je l'ai lu. On en ressort fort de l'histoire de Mandrin, mais aussi plus riche de l'économie et de la politique de l'époque, qui se résume à toujours plus de taxes pour financer les dépenses de l'état, rien de nouveau donc. C'est assez troublant d'ailleurs de lire qu'il y a deux siècles et demi, on aurait presque pu prédire ce qui allait nous arriver aujourd'hui. Si l'histoire est un éternel recommencement, je ne saurais trop conseiller à nos élites de lire ce livre, car quelques années après, ce fut la Révolution qui balaya celles de l'époque -bon certes, pour en installer d'autres-, mais on sait comment certains finirent.

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D
Bonjour Yv, cet essai me paraît pas mal du tout. Je le note. Et c'est un Américain qui l'a écrit... Bonne fin d'après-midi.
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Y
Bonjour Dasola, et oui, c'est écrit par un étranger... mais c'est très bien quand même ;)<br /> Bonne journée
A
Une lecture enrichissante.
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Y
exact