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Au nom du fric

Publié le par Yv

Au nom du fric, Pascal Thiriet, Jigal polar, 2015....

Lorsque Hercule du Tylleux richissime homme d'affaires dans divers domaine, banque, pétrole, finance, ... veut mettre du piment dans sa vie et écraser ceux qui lui résistent, comme sa femme, héritière d'une des plus grosses fortunes de France, il décide de léguer son fric au plus méritant de ses deux fils, Dante qui en affaires lui ressemble et Aymé -prénom qui lui sied si l'on se met du côté de sa mère, car son père et son frère le méprisent, lui l'homosexuel incapable de se plonger dans le monde impitoyable des affaires. Ce que ne sait pas encore Hercule, c'est que parmi ses maîtresses, certaines profiteront du concours pour tenter de tirer leur épingle du jeu, Blasphème notamment, son bras droit, aidée par son alter ego masculin Sun Tzi, génie de l'informatique.

Il y a quelques jours, je parlais d'un roman noir terrible plein d'une violence sourde qui se passait dans un milieu très populaire, rustique (Ici meurent les loups) ; là, je fais un grand pas, que dis-je, un saut immense et me retrouve dans les hautes sphères financières, politiques, dans un monde encore plus violent, totalement amoral et immoral dans lequel le mépris le dispute à l'indifférence. Hercule et Dante -sûrement caricaturaux, il ne peut en être autrement, bien entendu- sont absolument ignobles de suffisance et d'égocentrisme boursouflé, assoiffés d'argent et de pouvoir, méprisants pour tout ceux qui ne sont pas à leur hauteur, et comme ils se considèrent comme les plus hauts, de fait, ils méprisent quasiment tout le monde. Aymé se pique assez vite au jeu avec son frère mais reste honnête dans ses projets et les femmes pâtissent et profitent des fortunes des leurs maris ou amants. Restent alors Sun Tzi et Blasphème qui parviennent à attirer notre sympathie et notre envie de les voir résister à ce torrent de haine, de violence et de coups bas.

Pascal Thiriet n'épargne personne, ni les hommes d'affaires puissants prêts à tout pour l'être encore un peu plus, ni les politiques corrompus ou en passe de l'être ou pas exempts de quelques aménagements avec leur conscience pour être réélus : "Le point faible d'Hercule, c'est son sens des convenances. (...) Cette politesse pieuse lui a déjà coûté bien des erreurs, mais c'est ce qui ressemble le plus à une morale dans son milieu, il ne l'abandonnera sous aucun prétexte. Sans elle, il ne serait qu'un Markovy de plus, vulgaire et clinquant comme la vitrine d'une boutique de lingerie à la Saint-Valentin" (p.224, précision : Markovy, dans le roman, est le nom d'un ex-président de la République), ni les femmes qui veulent garder leur standing à tout prix, même celui de ne pas aimer leurs maris voire de les haïr, de subir leurs affronts de tous genres, leurs humiliations, ni les courtisans de toutes ces personnes qui veulent parader et s'enorgueillir d'une relation avec tel ou tel VIP.

Sans doute un peu moins déjanté que les deux autres romans de l'auteurs (J'ai fait comme elle a dit, Faut que tu viennes), celui-ci explore un monde nouveau d'une manière originale ; disons qu'on paraît être dans un monde plus réel que dans ses autres livres, ce qui effraie ; on a dépassé le terme de "requins" pour qualifier ces hommes, il faudrait en inventer un encore plus fort. L'écriture de Pascal Thiriet change un peu également, moins orale, mais c'est normal, on ne s'exprime pas de la même manière dans les hautes sphères de la société -quoique...-, elle reste vive, dynamique, très accessible et met en valeur ses personnages et les valeurs -même (et surtout) pourries- qu'ils défendent. Sa patte est reconnaissable, par la plume qu'elle tient mais aussi par la construction du roman avec les deux héros Sun Tzi et Blasphème, exécuteurs des basses œuvres qui se protègent, elle qui mène la danse et lui, amoureux qui la suit aveuglément (un peu comme Enée et Dido dans le roman précédent). Le renouvellement en gardant les principes de base pour un excellent roman.

Jigal et Pascal Thiriet c'est une histoire qui marche bien, trois livres, trois réussites. A lire sans attendre.

Commenter cet article
L
Au nom du fric et du saint esprit...Amen.
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Y
Vas en paix mon fils...
Z
OK, j'ai compris...
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Y
Y'a plus qu'à
D
Bonjour Yv, bon, bon, bon, si c'est si bien, je note. Bonne journée.
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Y
Bonjour Dasola<br /> oui, oui c'est bien, très bien<br /> A bientôt
A
3 livres et 3 réussites : un coup de maître !
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