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La folie Giovanna

Publié le par Yv

La folie Giovanna, Élise Galpérine, Ed. Nicolas Chaudun, 2012

De la fin du XIXème jusqu'à l'entre deux guerres, ce roman retrace la vie de deux sœurs, Giovanna et Louise, la narratrice, jeunes filles de bonne famille qui évoluent dans la belle société de cette ville du Vercors. Belles situations des parents, beaux mariages et belles situations des maris. Mais, même dans ce monde protégé, le malheur peut survenir. Sournois, il frappe là où il est sûr de faire le plus mal, dans l'innocence même d'un enfant. Dès lors, la famille se soude, mais se fragilise en même temps.

Une fois n'est pas coutume, je vais m'arrêter d'abord sur le livre-objet. On sent (dans tous les sens du terme, et oui, je n'ai pas hésité à humer les pages) la qualité : belle couverture (mais pourquoi ajouter une jaquette ?) et une mise en page très claire, très soignée ; le texte est étiré (environ 6/7 mots par ligne là où les autres livres en ont 10/11), ce qui peut donner l'impression de lire de la poésie. Un beau travail des éditions Nicolas Chaudun, que personnellement, je ne connaissais pas, ce livre est un partenariat avec Les Agents Littéraires que je remercie également de me faire faire des découvertes.

Venons-en maintenant au contenu : excellemment écrit quoiqu'un peu trop mélodramatique à certains endroits, c'est un livre sensible, tendre et touchant. Cette histoire qui se passe dans un monde qui m'est étranger : la bourgeoisie de Province est touchante parce qu'elle raconte la vie de ces deux femmes, très liées dans l'enfance, puisque sœurs avec un an d'écart mais que tout pourrait opposer ; leur mère affiche sans retenue sa préférence pour Giovanna, la plus belle : "Ma pauvre Louise ! Personne ne voudra jamais de toi, je le crains." Quelle méchanceté, quelle sottise aussi... elle pensait que son assertion était une vérité scientifique, en sorte que, lorsque le très beau et très brillant Adrien me fit la cour, que notre mariage se décida, elle ressentit non seulement une certaine jalousie, mais aussi la blessure de quelqu'un dont les prédictions s'avéraient fausses." (p.20) (Là, je me permets une petite remarque perfide, mais néanmoins de bon sens : "s'avéraient fausses" me gène un peu puisque s'avérer veut dire "rendre vrai" et donc, vous comprenez bien qu'on ne peut lui accoler l'adjectif "fausses" ; ceci étant dit, vue la qualité du bouquin, j'avoue que c'est vraiment une mesquinerie de ma part) ; leur mariage apportera la maternité à Giovanna tandis que Louise n'aura pas les joies de l'enfantement : "Mon ventre toujours vide et mes bras emplis des enfants des autres. Et voilà la jalousie, la jalousie profonde et amère. Comment combattre un sentiment qui reposait sur l'observation d'une évidence ?" (p.60). Malgré tout, la vie ne les sépare pas, leur complicité restera au-delà de leurs différences et de leurs chemins personnels. Louise sera très présente et sincèrement très affectée lorsque le sort s'acharnera sur l'enfant de Giovanna, son filleul. 

C'est un roman écrit tout en finesse, autant pour le style que pour la manière d'aborder les personnages : beaucoup de non-dits, beaucoup d'allusions, beaucoup de fragilités des uns et des autres. Les relations entre eux sont adroitement décrites, parfois de la tendresse, parfois de la jalousie, parfois même une once de moquerie. Une écriture élégante, fine, très joliment travaillée qui place ce récit totalement en phase avec son époque et la condition des gens qu'il décrit. Vraiment, je suis tombé sous le charme de l'écriture d'Élise Galpérine. Pour la petite histoire, lorsque Vincent des Agents Littéraires m'a proposé le livre j'ai hésité et j'ai accepté pour changer un peu des polars (très bons, certes) qu'il me propose habituellement, et fort heureusement pour moi ! Un dernier conseil pour la route ? Arrêtez immédiatement vos lectures et plongez dans ce roman immédiatement, si vous passez à côté, vous le regretterez !

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C
Bah si, on peut authentifier que qqch est faux, non ?<br /> Donc "s'avérer faux", pourquoi pas !? ;-)<br /> Je verrais bien la DGCCRF dire "c'est de la contrefaçon avérée", nan ? tjs pas ? ;-)<br /> Bon, pour me faire pardonner d'être pénible, je vais avouer que je renifle aussi mes livres...
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Y
<br /> <br /> Il me semble que s'avérer faus est aussi stupide que monter en bas ou descendre en haut, mais bon, je peux me tromper. Mais on est tellement habitué de nos jours à des formules bizarres et<br /> contradictoires, tiens la "discrimination positive" par exemple ?????<br /> <br /> <br /> <br />
A
Quelle mise en garde ! Je ne sais pas si je vais revenir par ici, rires.
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Y
<br /> <br /> Ah, zut ça a l'effete inverse de celui souhaité. Mais si Alex, reviens, je t'en supplie !!! ;)<br /> <br /> <br /> <br />
C
Je ne peux arrêter mes lectures en cours... ah non, par pour le moment :)!
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Y
<br /> <br /> Sûre ? Bon, tant pis, il peut attendre un peu, mais point trop !<br /> <br /> <br /> <br />
M
Lallisé, pour le texte mais aussi l'objet ;-)
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Y
<br /> <br /> J'espère qu'il te plaira.<br /> <br /> <br /> <br />
L
les Agents Littéraires proposent des livres des plus originaux : j'ai presque terminé "Réformes religieuses en Pays de Vaud" !!!!
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Y
<br /> <br /> Le titre n'a pas l'air tentant, mais il faut reconnaître qu'effectivement les agents littéraires font des propositions uniques !<br /> <br /> <br /> <br />