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On n'arrête pas la connerie

Publié le par Yv

On n'arrête pas la connerie, Jean Yanne, Le cherche midi, 2007, 2009, 2010

"Toute sa vie, Jean Yanne a été captivé par la connerie. Plus fascinante encore que l'intelligence, parce que sans limites, elle a été sa grande passion. Doué d'un véritable génie pour la débusquer dans ses manifestations les plus variées, les plus discrètes comme les plus éclatantes, il remarquait : "J'ai la faculté d'assimiler la connerie ambiante comme les abeilles butinent les fleurs et prennent le pollen pour en faire leur miel."

Cette intégrale des textes, répliques et pensées de Jean Yanne, agrémentée de nombreux inédits, représente quelques-uns des grands moments de la lutte incessante et nécessaire contre la connerie menée par l'un de ses opposants les plus fidèles et les plus spirituels." (extraits 4ème de couverture)

Lorsque j'ai vu ce livre en vitrine, l'an dernier, je me suis dit qu'il devait absolument rejoindre ma bibliothèque personnelle. Quelques mois ont passé et le voilà donc atterri à la maison. Vous connaissez tous Jean Yanne, le beauf, le mal dégrossi, le vulgaire, le grossier, le râleur, le cynique, l'ironique, le "j'me fous de tout", le mal embouché, le vilain, le taquin, l'acteur qui jubile à faire des gens pas sympathiques : toutes ces images -et d'autres- lui collent à la peau, et il n'a rien fait pour s'en défaire. Au contraire. A chaque fois, il en a rajouté une louche. Mais bien sûr, c'est sa façade d'homme public, son personnage. Il prouve dans ce livre qu'il est drôle, extrêmement cultivé, qu'il écrit vachement bien, et qu'il a un don pour trouver la réplique qui fait mouche. Il remet une petite couche de mauvaise foi, de beaufitude, de misogynie, de misanthropie et qu'est-ce qu'on se marre ! Des exemples ? Je sens que vous piaffez. Allez, je vais être bon, je vais vous en mettre quelques uns, dont un premier qui aurait pu aller dans la bouche d'Eva Joly récemment :

"- Les institutions, les rites, les traditions... vraiment pas pour moi, j'ai beau me forcer, le 14 juillet, ça n'évoque rien... Noël non plus, la République, la patrie, le sens du devoir. Toutes ces conneries n'évoquent absolument rien pour moi.

- Alors, à quoi êtes-vous sensible ?

- Au camembert." (p.15)

"Le vocabulaire évolue. A travers la presse en particulier. Aujourd'hui, un avion ne "s'écrase" plus, il "s'abîme". A ce rythme-là, les morts s'en sortiront bientôt avec seulement quelques égratignures." (p.59)

"Le Viagra, ils devraient le faire prendre en suppositoire, ça doublerait le plaisir de certains." (p.60)

Attaché à la bonne bouffe et au plaisir en général, je ne suis pas sûr qu'il appréciait les hamburgers :

"Je serais à la place des agriculteurs qui déposent du fumier devant les McDo, je me méfierais parce que les gérants vont finir par croire qu'il s'agit d'une livraison." (p.70)

Misogyne je disais plus haut, mais pas que :

"Vivre en couple : je ne vois pas pourquoi je sacrifierais l'admiration de milliers de femmes au sens critique d'une seule." (p.113)

"-Jean, vous auriez aimé être une femme ?

- Oui.

- Pourquoi ?

- Déjà, parce que ça m'aurait évité d'en avoir une." (p.114)

" Il ne m'est jamais venu à l'esprit de traiter les femmes comme mes égales. Quelle femme aimerait être traitée comme l'égale d'un gros barbu, vieux et soupe au lait ?" (p.115)

Mais Jean Yanne n'a pas écrit que ces aphorismes, ces blagues ; il a aussi écrit des chansons, des textes, notamment des contes, drôles, cruels et loufoques que je ne me risquerais pas à lire à de très jeunes têtes blondes ou brunes ou rousses ou auburn ou ... autres avant de les endormir. Il a été bien sûr acteur et réalisateur.

Je pourrais vous citer encore plein de passages, des petites phrases, des extraits de textes -sa version du Petit Poucet vaut le détour- mais le mieux, c'est d'aller feuilleter ou carrément lire ce gros livre de 495 pages qui se picorent comme ça entre deux lectures différentes. Une petite dernière -que j'affectionne particulièrement- pour la route, idéale pour les sujets aux maux des transports, dont je suis :

"Les rares fois où j'ai pris un bateau, j'ai exigé qu'on ne me serve à manger que de jolies choses. Parce que j'étais sûr de les revoir rapidement." (p.128)

Jean Yanne (1933-2003)

 

rire-copie

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A
<br /> Merci d'avoir partager quelque srépliques truculentes. Je ne sais pas si je ne vais pas le demander au Père-Noël, pour le coup.<br /> <br /> <br />
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Y
<br /> <br /> Pour passer un Noël plein de bonne humeur<br /> <br /> <br /> <br />
D
<br /> Bonjour Yv, j'ai aussi ce gros livre qui ne coûte pas trop cher vu le plaisir qu'on en retire. L'avant-propos de Kersauson est très bien. Quant à Jean Yanne, immense acteur qui manque beaucoup.<br /> Bonne journée.<br /> <br /> <br />
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Y
<br /> <br /> Ce qui manque, c'est sa fausse mauvaise humeur qui me faisait beaucoup rire<br /> <br /> <br /> <br />
M
<br /> Yanne et Martin , pourtant malade, chez Ruquier, leur dernière radio, c'était quelque chose!<br /> <br /> <br />
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Y
<br /> <br /> J'avoue que je n'écoutais pas, mais plus jeune, j'écouais parfois Les grosses Têtes, quand ils y étaient avec Olivier de Kersauzon.<br /> <br /> <br /> <br />
K
<br /> Nôôôôn! Tu m'amuses, ce matin!<br /> <br /> <br />
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Y
<br /> <br /> Je n'y suis pour rien, c'est Jean Yanne !<br /> <br /> <br /> <br />