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L'audience

Publié le par Yv

L'audience, Oriane Jeancourt Galignani, Albin Michel, 2014...,

Debbie Aunus, jeune professeure de maths dans un lycée de la petite ville de K. au Texas est jugée pour avoir eu des relations sexuelles avec quatre lycéens, majeurs, un crime passible d'une peine d'emprisonnement dans cet état, depuis 2003. Pendant les quatre journées d'audience, la vie de Debbie sera disséquée, analysée, commentée. Pourquoi Debbie ne dit-elle rien ? Pourquoi son mari, combattant en Afghanistan, ne lui reproche rien ? Qui est la mystérieuse personne qui la suit nuit et jour avant le procès, avant même que les relations qu'elle entretient avec les garçons soient connues ? 

En quatrième de couverture, l'éditeur précise que la base de ce roman est un fait divers. Oriane Jeancourt Galignani tient alors ses personnages et s'en empare pour construire son roman. Dès le premier jour d'audience on sait que Debbie s'est mis tout le monde à dos. Dans cette petite ville du Texas, on n'aime pas le scandale, on n'aime pas qu'une adulte use de son pouvoir pour séduire des garçons -majeurs, qui pourraient aller se battre en Afghanistan, ils seraient alors des héros, mais qui n'ont pas le droit d'avoir des rapports sexuels avec une femme plus âgée. Dans les États-Unis bien pensants, puritains, un scandale sexuel est mal vu. O. Jeancourt Galignani oppose Debbie et ses pulsions, ses désirs sexuels -attribués en général aux hommes, elle gêne aussi en cela qu'elle n'entre pas dans sa case de femme-de-militaire-mère-de-trois-enfants forcément dévouée à l'un et aux autres- à la procureure Liz Lettown, bon chic bon genre déjà remarquée pour son combat contre les outrages aux bonnes mœurs qui incarne le puritanisme le plus pur, qui cache souvent lui aussi ses petites perversions. Pour Liz Lettown il faut absolument faire de Debbie une mauvaise femme, une coupable, c'est grâce à ce procès, si elle le gagne, qu'elle pourra avoir un poste plus intéressant, c'est son tremplin. Laquelle est la plus perverse finalement, la plus retors ?

Oriane Jeancourt Galignani commence son roman par Debbie, puis petit à petit d'autres personnages, d'autres histoires apparaissent, celles de son mari, de sa mère, des garçons avec lesquels elle a couché, de Jimmy son avocat, de Louis Gordon le juge et de Liz Lettown qu'il désire. C'est un récit direct, franc et parfois cru, qui va au plus court tout en s'attardant sur les motivations des uns et des autres. On sent bien que les pulsions de Debbie vont causer sa perte, dans ce pays dans lequel le manichéisme est roi, dans lequel on connaît la différence entre le bien et le mal, la ligne de séparation est claire, nette.

Mises à part quelques longueurs, quelques répétitions à mon sens inutiles, quelques maladresses (comme celle qui consiste à inclure 3 années bissextiles sur une durée de 5 ans) ou des coquilles : "Cinq hommes, sept femmes quittent à l'heure bleue la veille d'une maison et rejoignent le centre-ville de K." (p.11), "Mais dès qu'il repère une tribune dans un périmètre de deux cents, il pique dessus comme l'albatros sur un morceau de verre." (p. 45/46), j'ai trouvé ce roman fort intéressant. On reste jusqu'au bout pour savoir ; on espère que Debbie n'ira pas en prison pour quelques parties de jambes en l'air, on se demande même pourquoi elle est accusée et de quoi ? Maîtrisé et bien construit, en un huis clos un peu oppressant, à la manière d'un polar. Une écriture fine, ciselée qui va au plus direct et au plus profond de Debbie qui n'en fait ni une sainte ni une dépravée mais une jeune femme perdue qui demande de l'attention et éventuellement des soins psychologiques plus que de la prison. Un très beau personnage de roman, de ceux qui restent collés un moment à la mémoire des lecteurs.

 

 

rentrée 2014

Commenter cet article
N
Sur ma Pile, parmi tant d'autres...
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Y
<br /> <br /> Eh oui, le problème des Piles de livres<br /> <br /> <br /> <br />
K
Je n'ai pas osé franchir le pas et lire ce roman...
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Y
<br /> <br /> Tu aurais pu<br /> <br /> <br /> <br />
C
un abandon pour moi...
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Y
<br /> <br /> J'ai pu passer outre quelques longueurs et répétitions, mais ce n'est pas toujours le cas<br /> <br /> <br /> <br />
C
Salut Yves<br /> "3 années bissextiles sur une durée de 5 ans" ? Ce serait comme un voyage en train Nantes-Paris en passant par Strasbourg, le détail qui fait que je ferme illico le bouquin. Je me souviens d'un<br /> roman où il était question de suspects se trouvant dans un "diamètre" de quelques centaines de mètres... Plutôt dans un "périmètre", non ?<br /> Amitiés.
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Y
<br /> <br /> Salut Claude<br /> <br /> <br /> c'est agaçant ces coquilles qui restent, elles sont la hantise de l'éditeur, mais lorsqu'on a à faire avec un éditeur avec des moyens, on se demande comment de telles erreurs ont pu rester...<br /> Pour ton exemple, un diamètre, finalement, les suspects sont tous en ligne, c'est une conception... pourquoi pas ?<br /> <br /> <br /> Amicalement,<br /> <br /> <br /> <br />
H
Il est dans ma pal aussi, mais pas prioritaire pour le moment.
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Y
<br /> <br /> Ma pile descend lentement, lentement...<br /> <br /> <br /> <br />