Vies minuscules
Vies minuscules, Pierre Michon, Gallimard, 1984
Premier livre de Pierre Michon, il raconte les vies de gens ayant croisé sa route ou celle de ses parents ou grands-parents. Celle d'un aïeul qui aurait pu partir aux Etats-Unis, y faire fortune, ou peut-être à Cayenne, forçat. Celle de sa petite sœur morte. Celle d'une de ses compagnes. Ce que l'auteur ne connait pas de ces gens, il l'invente, le crée. Huit chapitres, ou parties, ou nouvelles -c'est comme on veut- dans ce livre. Elles n'ont pas toutes le même intérêt pour moi, mais c'est très subjectif, puisque celle qui me plait le plus peut ne pas convenir à d'autres lecteurs et vice versa.
Dans son style inimitable et si particulier, fait de longues, très longues phrases, usant parfois de mots désuets, oubliés ou savants, Michon dresse donc tous ces portraits de gens simples. Ces vies minuscules, terme utilisé non pas pour rabaisser les personnes, mais parce que ce sont des récits brefs.
Une lecture qui ne laisse pas insensible ; elle peut irriter, je le comprends : j'ai lu ici et là que le style est très -trop ?- travaillé ; mais bien sûr, qu'il l'est ; qui de nos jours, où il est de bon ton d'écrire comme on parle, parlerait avec ces phrases si longues, remplies d'adjectifs, d'adverbes, de subordonnées, ...? Elle peut aussi charmer et apporter émotions et émerveillement. Pour moi, bien sûr c'est le second choix. Je reconnais cependant, que parfois, sur certaines parties, j'ai décroché du texte, mais je m'y suis rattrapé quelques lignes plus loin, pour retomber dans des passages formidables.
J'ai lu Michon à l'envers en ayant commencé quasiment par son dernier roman. Ces Vies minuscules préfigurent ce que seront les autres en qualité d'écriture et en plaisir de lecture. A chaque fois, je suis emballé par ses textes.
Lu en version folio, je sais que certaines de ces nouvelles ont été éditées séparément les unes des autres dans la même collection, pour qui veut un premier contact avec Michon, plus modéré.
Sylvie a beaucoup aimé aussi.