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Un rude hiver

Publié le par Yv

Un rude hiver, Raymond Queneau, L'imaginaire Gallimard, 1939 (renouvelé en 1966)

"Il ne se passe apparemment pas beaucoup de choses dans Un rude hiver : un réactionnaire plein de rancœurs va déjeuner chez son frère, se promène au bord de la mer avec une Anglaise en uniforme, et emmène au cinéma deux enfants qu'il a rencontrés dans un tramway.

La première fois, je me suis émerveillé de cette histoire tranquille en me demandant comment elle faisait pour m'émouvoir.

Depuis, à chaque relecture, je découvre un détail auquel je n'avais pas prêté attention [...]

Aucune de ces découvertes n'est vraiment originale [...] mais, de surprise en surprise, de découverte en découverte, Un rude hiver, pour moi, s'achemine doucement vers l'inépuisable." Georges Perec (4ème de couverture)

Pas facile de dire quoi que ce soit après ce compliment de Perec à Queneau, mais comme on ne joue pas vraiment dans la même cour, je ne prends aucun risque à passer derrière eux.

C'est un roman dont l'action est située au début de la première guerre mondiale, dans ces moments où les Français croient encore à une victoire facile et à une guerre à l'issue -favorable, il va sans dire- rapide. Le héros, Lehameau, blessé dès le tout début du conflit traîne sa carcasse et son air blasé dans les rues du Havre. Il côtoie la bonne société havraise, son frère notamment, mais ne rechigne pas à se promener dans les quartiers pauvres, ce qui n'est pas bien vu de sa famille et de ses relations. Il converse dans le salon de son frère et de sa belle-sœur, mais ses opinions, qu'il exprime au grand dam des invités, vont à l'encontre de celles des autres convives.

Comme le dit Georges Perec, il ne se passe pas grand chose. Entendez par là, qu'il n'y a ni meurtre, ni hémoglobine, ni action tumultueuse. Juste le plaisir de lire du Queneau. C'est tout ! Chez  cet écrivain, tous les mots sont pensés, pesés et placés là où il faut. Même ceux dont on peut  se demander pourquoi il les a mis là ou pourquoi il les orthographie ainsi. Un rude hiver n'est pas un roman drôle comme certains de Raymond Queneau, même si certains passages valent de larges sourires. C'est un beau roman, mélancolique. Assez différent de ce que je connaissais déjà de cet auteur, mais je crois que ça, je le dis à chaque fois que je lis du Queneau, ce qui prouve qu'outre son immense talent d'écrivain, il savait se renouveler. Queneau est pour moi l'un des plus grands écrivains français. Celui, qui après des classiques du 19ème siècle, m'a donné le goût de la lecture, je dirais même le goût des mots. J'adore sa façon de franciser les mots étrangers -anglais pour la plupart-, de triturer la langue, de tordre, de transformer mots et phrases, de jouer des répétitions. Dès que je trouve un bouquin signé Queneau que je n'ai pas lu, je ne peux pas résister, je plonge, et à chaque fois avec bonheur. Et souvent, je pousse même la "fan-attitude" jusqu'à relire mes acquisitions queneauïennes. Plusieurs fois pour certaines !

Assez peu connu et quasiment pas chroniqué sur les blogs, je ne peux que vous conseiller Un rude hiver, vous passerez un merveilleux moment.

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M
<br /> Encore un écrivain, et un très grand en plus, que je n'ai jamais lu !...<br /> <br /> <br />
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Y
<br /> <br /> Quoi ? Tu n'as jamais lu Queneau ? Ah la la ! Quelle erreur et quel oubli terrible qu'il te faut réparer vite !<br /> <br /> <br /> <br />
N
<br /> Queneau est toujours un plaisir littéraire que l'on dévore de l'œil avant de le savourer, telle une délicieuse madeleine ! Et cette maison d'édition de Gallimard a le privilège de nous offrir des<br /> textes riches et singuliers. Ce qui ne gâte rien ... Je retiens ce titre que je ne connais pas encore. Il donne envie de lire une autre facette de Queneau, le cuisinier des mots ;-D<br /> <br /> <br />
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Y
<br /> <br /> Je vois que je suis tombé sur une inconditionnelle de Queneau, comme moi. Je suis ravi que cet amour de sa langue et de sa trituration des mots soit partagé, mais bien sûr, je n'en doutais point.<br /> <br /> <br /> <br />
A
<br /> Des acquisitions... comment tu dis ?<br /> <br /> <br />
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Y
<br /> <br /> Ben queneauïenne, rapport au nom de l'écrivain !<br /> <br /> <br /> <br />
D
<br /> tu me donnes très envie de m'y plonger! je connais peu Queneau, et je me rends compte que j'ai tort!<br /> <br /> <br />
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Y
<br /> <br /> Je ne peux que t'encourager à découvrir cet auteur auquel je voue une admiration très grande. Tu peus commencer par Les fleurs bleues qui est probablement mon préféré.<br /> <br /> <br /> <br />
S
<br /> bonsoir<br /> <br /> <br /> et c'est repartie<br /> mes angoisses du transport<br /> et le boulot<br /> en Bretagne j'étais zen<br /> je te souhaite<br /> une bonne rentré et une bonne semaine<br /> bises du soir<br /> <br /> <br />
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Y
<br /> <br /> Ah la Bretagne et son climat et ses habitants et ses habitudes de vie qui rendent zen !!!<br /> <br /> <br /> <br />
H
<br /> Je suis tout à fait d'accord sur le fait que Queneau est un des plus grands. J'avais lu plusieurs livre de cet auteur il y a quelques années et j'avais vraiment aimé, ils sont de nouveaux dans ma<br /> PAL, parce que je pense qu'une relecture sera enrichissante. Et j'en profiterais pour rédiger des billets !<br /> <br /> <br />
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Y
<br /> <br /> Je lis et relis Queneau régulièrement : il est un des rares pour qui je le fais. c'est toujours un vrai bonheur de se replonger dans son écriture.<br /> <br /> <br /> <br />