SOS flemmards
Sos flemmards, Sandra Ganneval, auto-édition, 2011
J'ai reçu, il y a peu ce mail (là, ce n'est qu'un extrait) : "Je suis l’auteur de « SOS FLEMMARDS », un roman que j’ai choisi d’autoéditer. Oui, je sais, le mot fait souvent tiquer car il serait synonyme d'ouvrages illisibles bourrés de fautes d'orthographe. Pour moi, il symbolise surtout une certaine liberté. Je cherche à faire connaître mon roman et il semble que les blogs de lecteurs puissent offrir cette possibilité. Je sais aussi que souvent ceux qui ont une certaine renommée ne sont pas intéressés par les livres autoédités. Mais qui ne tente rien…
Mon livre parle de métissage, d’amitié, d’amour et de bien d’autres choses encore avec un humour un peu cru mais jamais gratuit. Tout cela avec en toile de fond la dure réalité du monde du travail, si, si, si… mais promis, personne ne cède au burn-out et ne se suicide. Le ton se veut léger et distrayant..."
Comment résister à ce titre, moi qui n'aime pas vraiment le travail et à la description qui suit ? Eh, bien, étant d'une nature très faible (je peux ajouter vénale, corruptible, ...), j'ai cédé et j'ai reçu ce livre. Un résumé plus personnel : ce roman s'attache à deux garçons sympathiques, Joseph et Martial, copains d'enfance, qui vont entrer dans la vie active, dans la vie amoureuse avec un certain détachement, beaucoup d'humour et beaucoup de joie de vivre. C'est dire si, en ces temps de morosité ambiante sa lecture est bienvenue.
Passons maintenant à ma critique, je vois déjà l'auteure qui tremble (c'est une façon de parler puisque nous ne nous connaissons pas, donc, je devrais écrire plus exactement : j'imagine déjà l'auteure qui tremble). Ne craignez rien chère Sandra, si j'ai bien quelques points qui me gênent ma lecture a été très agréable et j'ai beaucoup aimé faire un bout de chemin avec Joseph et Martial. Évacuons alors mes réserves :
- d'abord et essentiellement, le livre part un peu dans tous les sens et aborde énormément de sujets annexes sans jamais les approfondir. Peut-être eut-il été plus judicieux de se concentrer sur les quelques domaines bien triturés, disséqués et bien appropriés par l'auteure, comme par exemple la vie des employés de l'ex-ANPE avec leurs doutes, leurs convictions, leurs envies de bien faire pour les chômeurs ou au contraire leurs démissions devant les tâches insurmontables, comme aussi la difficulté pour Joseph et Martial de franchir le petit pas qui les propulsera vers le monde adulte ; eux ne rêvent que de continuer à vivre au jour le jour, sans se prendre trop le chou : "Exercer le métier qu'il avait choisi revêtait dans son esprit un aspect ludique. Il faisait partie de cette génération qui ambitionnait de travailler aussi pour le plaisir.[...] Travailler, c'est une contrainte, une contrainte ne peut pas être épanouissante." (p.13/17) (J'opine, j'acquiesce et je frappe des deux mains pour montrer là mon assentiment !)
- ensuite, et c'est lié, le roman est copieux par ce fait de vouloir aborder trop de sujets divers, comme si l'auteure avait voulu tout mettre dans son livre ; je me suis laissé dire que c'était souvent les erreurs d'un premier roman. Donc, gageons que le deuxième sera plus resserré.
Maintenant passons aux bonnes choses :
- d'abord, et Sandra le dit très bien, son livre (l'objet) est bien fait, de qualité : point de fautes, une mise en page dense, mais lisible, un format poche très pratique.
- ensuite, lorsqu'elle s’attelle à un sujet et qu'elle le développe l'auteure en fait le tour et nous intéresse ; je l'ai dit, le chômage vu des deux côtés de la barrière, mais aussi la difficulté d'être noir et de réussir professionnellement (parce que je ne l'ai pas dit exprès au début, mais les héros sont noirs, Antillais, Guadeloupéens, mâtinés de Sénégalais ou de plein d'autres origines pas toutes forcément noires : vive les mélanges !) Sandra Ganneval a des réflexions sur le sujet, très justes, jamais pleurnicheuses toujours positives, enlevées, amusantes (malheureusement, je n'ai pas noté les pages) qui me touchent car, dans le cadre de mon travail j'accueille chez moi deux petits garçons noirs (enfin marron, comme ils disent eux-mêmes) et je me souviens de la réaction étonnée de certaines personnes lorsqu'ils les ont vus la première fois : non pas du racisme mais de l'étonnement parce que je n'avais pas précisé la couleur de peau, comme si le blanc était la couleur normale et le noir, celle qu'il faut indiquer.
- puis, l'auteure, dans un langage direct envoie quelques belles et très drôles saillies -si je puis me permettre ce terme, surtout quand vous lirez l'extrait suivant :
"Bien sûr, toi, tout ce que tu recherches chez une fille, c'est une belle plastique.
- Faux !
- Attends, les nanas avec lesquelles tu es resté le plus longtemps avaient leur QI autour de leur poitrine.
- Si haut ? demanda Joseph" (p.101)
Beaucoup de réparties du genre, pas toujours sur le même sujet, même si c'est une préoccupation de tous les instants pour Martial le timide et Joseph le dragueur. Deux garçons très attachants, modernes, bien dans leur époque dans un roman drôle et peut-être un peu copieux mais bourré de qualités.
Ci-après le lien vers le site de l'auteure sur lequel vous pouvez commander, lire les premières pages, ... : ici !
PS : ce livre peut voyager vers chez vous si vous le demandez gentiment (chacun ses critères ).