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Prague, faubourgs est

Publié le par Yv et Eric

Prague, faubourgs est, Timothée Demeillers, Asphalte, 2014...

2003, Marek a quitté Prague depuis sept ans pour les Etats-Unis avant d’y revenir, revoir ses amis Jakub et Katarina. Il espère que leurs retrouvailles seront à la hauteur de ce qu’était leur amitié. Ils ont vécu au cœur de la capitale de la République Tchèque avec les ivrognes, les junkies, les prostituées, arnaquant les touristes qui, après la chute du mur de Berlin et le démantèlement de l’ex-URSS ont commencé à venir découvrir des pays oubliés depuis des années. Mais le retour ne s’annonce pas aussi facile, au fur et à mesure que Marek se rapproche de l’instant des retrouvailles son angoisse et ses souvenirs remontent en lui.

Lecture commune pour ce livre, mon ami Éric, par ailleurs co-blogueur sur les huit plumes et moi-même avons donc lu ce roman paru chez Asphalte.

Roman à trois voix. Chaque narrateur intervient trois fois, soit neuf chapitres. D’abord Marek, nostalgique absolument plus en phase avec son pays, mais plein des souvenirs et très envieux de retrouver ces moments perdus ; une belle langue, pleine de phrases longues, qui raconte la vie de rapines et de deals que menèrent Jakub et Marek. C’est un véritable plan à arnaques dans lesquelles ne pas tomber lorsqu’on est touriste ! A emporter lorsqu’on voyage ! Marek parle du Prague des années 90 au sortir du joug russe, l’ouverture au monde occidental, le rêve de l’abondance, de la consommation qui tourne vite au cauchemar de l’inflation, du capitalisme et des salaires qui ne suivent pas et donc de la frustration, puis des économies parallèles pour s’en sortir : prostitution, drogue, alcool, …

Ensuite, Scott, un touriste étasunien qui fait une virée entre potes pour se payer des filles de l’est soi-disant faciles, qui ne devraient faire aucune difficulté pour tomber sous les charmes des Américains, surtout ceux des billets verts. Scott décrit la Prague actuelle, celles des bouges, des rades miteux, des lupanars, décevante forcément, sauf peut-être pour ceux venant chercher du sexe.

Enfin, Jakub, l’ami délaissé, désabusé qui use d’une langue totalement pessimiste voire mortifère, violente et crue, revendicatrice, bourré de points d’exclamation. Jakub le trahi qui se défonce encore plus qu’avant, qui ne voit même plus sa ville, qui ne la reconnaît plus, mais qui reconnaîtrait-il, lui devenu un quasi clochard alcoolique et toxico au dernier degré ?

Le livre de Timothée Demeillers est sombre, carrément noir, pas une once d’espoir, il me couperait même mes envies de visiter Prague, moi qui en parlais encore récemment avant d’avoir lu ce roman. Maintenant, je me questionne, la place Venceslas est pleine de drogués et de dealers, le pont Charles n’est pas mieux… C’est le point noir de ce bouquin, je le trouve vraiment démoralisant, mais je dois dire que je ne connais pas la ville et que T. Demeillers, lui, la connaît, et que je suis sans doute très naïf !

Par contre, il y a en son sein de très bons points, le fait que pour chaque narrateur, l’auteur prenne un ton et un style particuliers qui font que si l’on pose le livre et qu’on le reprend en ayant oublié avec lequel on était, on le sait dès les premières lignes. Une belle maîtrise de la langue et du déroulement narratif qui laisse si ce n’est du suspense un intérêt jusqu’à la toute fin.

Asphalte publie là son premier roman français, et coup double, Timothée Demeillers signe là son premier roman, pour lequel j’émets quelques réserves quant à la noirceur mais qui fait preuve de promesse plus qu’engageantes. Assurément, Asphalte doit garder cet auteur que je suivrai avec plaisir et curiosité.

 

 

rentrée 2014

Commenter cet article
A
Je viens tout juste de le terminer. Mon bémol à moi concerne non pas la noirceur - car ça j'aime - mais le fait que le récit ne progresse au fond pas. Que tous les protagonistes fassent le même<br /> portrait, sans nuances, de cette ville que personnellement je trouve magique.
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Y
<br /> <br /> Je ne la connais malheureusement pas encore...<br /> <br /> <br /> <br />
S
Il me fait bien envie, celui-là, malgré ton appréciation un peu réservée.
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Y
<br /> <br /> Oui, je suis un peu mitigé, mais j'attends ton avis<br /> <br /> <br /> <br />
Z
Non. Quoique j'aimerais beaucoup visiter cette ville
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Y
<br /> <br /> Moi aussi.<br /> <br /> <br /> <br />
Z
Lu une autre chronique allant dans ton sens.. Je crois je vais passer mon chemin
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Y
<br /> <br /> ... qui ne mènera donc pas jusqu'à Prague<br /> <br /> <br /> <br />
A
J'ai bien cru que tu allais nous parler de tes vacances.
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Y
<br /> <br /> Un jour sans doute...<br /> <br /> <br /> <br />
A
J'ai connu Prague et la Tchécoslovaquie au début des années 70, autant dire au temps des dinosaures, la ville n'a sûrement plus rien à voir, sauf les monuments. Le côté très noir m'arrête, la ville<br /> n'est sûrement pas que cela.
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Y
<br /> <br /> Non, je crois que l'auteur a délibérément montré le côté noir de cette ville, pour faire un roman noir, sombre, mais la ville doit être belle... j'irai un jour<br /> <br /> <br /> <br />
E
Il me pourrait me tenter, il a l'air d'avoir pas mal de qualités, le côté noir me freine.
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Y
<br /> <br /> Il a des qualités, tu peux aller lire ce qu'en dit Eric sur les huit plumes (le lien est sur mon article, au début), il est plus positif que moi<br /> <br /> <br /> <br />