Parapluie et calculatrice

Parapluie et calculatrice, Jey Are, Éd. Alternative onirique, 2013
Camille est une jeune femme, étudiante en droit, sexy, un brin futile sans doute, qui ne vit que si on la regarde et qui ne sort qu'avec un parapluie en mains. Camille est un quarantenaire, professeur de physique, timide et solitaire qui aime le foot et les soirées entre copains, toujours équipé d'une calculatrice dans une poche. Le Novafrica est un empire en guerre civile ; l'empereur écrase les rebelles sans scrupules, mettant en fuite beaucoup de Novafricains qui se réfugient en France. Nous sommes dans un futur proche, à quelques dizaines d'années de nous.
Je suis régulièrement contacté par des auteurs et je décline généralement leurs offres même si je prends le temps, en général de cliquer sur les liens qu'ils transmettent dans leurs mails pour voir leur travail. Là, je ne sais pourquoi, j'ai été tenté de lire ce court roman ; sans doute le format de 66 pages, le titre, la couverture, le nom de l'éditeur et de la collection (Collection Mauvaises Nouvelles) et le résumé. Toujours est-il que j'ai reçu et lu ce petit roman ou cette nouvelle et que j'en suis fort content. Non dénué de maladresses : "Il ne tenta pas de réfléchir au pourquoi de cet acte" (p.53), "Malgré que l'ONU sorte doucement de son immobilisme..." (p.57), de quelques petites coquilles et d'une confusion totale de la règle de la majuscule sur les noms ou adjectifs de nationalité, ce texte est néanmoins plein de charme et très prometteur. Jey Are a su créer des personnages pas caricaturaux, qui tentent de vivre dans leur époque l'une en s'exhibant, l'autre au contraire en se fondant dans le décor, des personnages attachants, plein de contradictions, parfois forts, parfois faibles qui peuvent douter en affichant une certaine assurance ou vice-versa.
Le contexte est technologique, les écrans sont dématérialisés, les connexions rapides, mais le monde créé par Jey Are ressemble beaucoup au nôtre. Sans doute cette guerre civile au Novafrica qui rappelle étrangement celle du Rwanda ou même celle plus actuelle en Syrie. "Cela faisait maintenant plus de deux ans que l'on parlait des atrocités commises par le gouvernement de l'Empire Novafricain. Pourtant, cela ne faisait que quelques mois que les chefs d'état du monde occidental tentaient de trouver une solution à ce problème. A peine la notion d'embargo avait elle été évoquée par un ministre secondaire d'Afrique, que la Chine et la Russie, les deux pays effectuant le plus de transactions commerciales avec l'Etat novafricain, avaient menacé de poser leur droit de veto. En force, la résolution était malgré tout passée." (p.18/19)
J'aime les romans courts, celui-ci aurait même pu être un peu plus long (voire deux fois plus) pour le plaisir de rester un moment de plus avec Camille et Camille. Une nouvelle bien ficelée, bien écrite, simplement, avec parfois des ruptures de style lorsque la situation évolue ou change, des changements de rythme. Je vous l'ai dit très prometteur !
A petit roman, pour une fois, petit prix ; plus de renseignements sur le site de l'éditeur : alternative onirique. Merci à lui.