Les trois lumières
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Les trois lumières, Claire Keegan, Ed. Sabine Wespieser, 2011
Parce que sa mère est enceinte, une petite fille est confiée à un couple sans enfant, le temps que ses parents puissent faire face à la future naissance. Elle arrive donc chez les Kinsella et s'y sent rapidement bien. Ce couple de fermiers l'accueille et la vie tourne autour d'elle, dans la campagne profonde irlandaise.
Très beau petit roman d'une centaine de pages. Très fin. On suit la petite fille, on voit par son œil, c'est elle la narratrice. Elle s'étonne de certaines attitudes et de certains comportements des adultes : ses parents comme les Kinsella. Petit à petit, le lecteur découvre et apprend l'histoire de ses hôtes. Tout en douceur, tout est suggéré, puis confirmé parfois brutalement au détour de la jalousie et des ragots d'une voisine.
Dans une langue simple, directe, sans artifice, Claire Keegan décrit le pays, les maisons, les personnages :
"Elle m'emmène dans la maison. Il y a un moment très sombre dans le couloir ; alors que j'hésite, elle hésite avec moi. Puis nous passons dans la chaleur de la cuisine où il faut que je m'assoie, que je me mette à l'aise. Sous l'odeur de pâtisserie, un désinfectant, un produit javellisé pointe. Elle retire du four une tarte à la rhubarbe qu'elle pose sur le plan de travail pour la laisser tiédir : du sirop bouillonnant prêt à déborder, de fines feuilles de pâte sculptées dans la croûte. Un courant frais souffle par la porte mais ici tout est chaud, tranquille et propre. De grandes marguerites sont immobiles comme le grand verre d'eau dans lequel elles se dressent. Il n'y a de trace d'enfant nulle part." (p.14)
Pas de mot de trop, mais une grande sensibilité. De la pudeur, de la retenue. Néanmoins les (grands) sentiments sont bien là, universels.
Une heure ou une heure trente de lecture, pour ma part allongé dans le hamac, à l'ombre du mimosa pour la tête et du cerisier pour les pieds. Une fin de samedi après-midi d'été ensoleillé -l'un des premiers de cette saison cette année. Une soirée qui commence donc bien grâce à un livre qui, bien qu'il ne traite pas forcément d'un sujet drôle, rend optimiste et donne le sourire -oui, je sais que vous allez dire qu'il m'en faut peu ! Eh bien oui, je l'avoue, je suis de nature optimiste ! Manquerait plus qu'un apéro suive, dans le jardin, puis une collation et la soirée finirait aussi bien qu'elle a débuté.
D'autres lecteurs et lectrices qui partagent cet avis : Clara, Jérome, Moustafette.