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Les coqs et les vautours

Publié le par Yv

Les coqs et les vautours, Albert-Paul Granier, Ed. des Equateurs, 2008

Livre prêté par un ami me sachant un petit peu réticent à la poésie et accompagné de ces mots : "Laisse-toi faire...". Vous l'avez donc compris c'est un recueil de poésies, écrites entre 1914 et 1916. Albert-Paul Granier est sous-lieutenant d'artillerie pendant la Grande Guerre. Pendant ses moments inoccupés, il écrit ces poèmes, chargés, lourds, pour beaucoup. Il les publiera à compte d'auteur, et c'est au hasard d'un cadeau amusé d'un copain que Claude Duneton, romancier, comédien,...,  découvrira le poète et cherchera à le publier.

Certains textes sont difficiles, lorsque Granier met en phrases les canons, les obus, car même l'élégance des vers n'édulcore pas la dureté des jours de guerre.

La Rafale (1914)

 

En rafale d'acier, les longs obus gloutons

fracassant le ciel clair d'un formidable orage,

se sont rués férocement sur le village,

comme un vol d'aigles sur un troupeau de mouton.

 

Et, lorsque la fumée en pesants tourbillons,

s'est effacée au long des calmes pâturages,

le doux village, au bord de la rivière sage,

n'était plus que ruine et désolation.

 

Mais, au milieu des morts des ans passés, l'église,

debout comme un cheval moribond, agonise,

et son âme saignant aux blessures des pierres,

 

pleure aux abat-sons morts du clocher chancelant

de ne pouvoir sonner ce soir, pieusement,

le glas du doux village au bord de la rivière.

 

Par contre, d'autres poèmes sont plus "abordables", moins chargés de douleurs, de cris et de guerre.

 

Le Feu (1916)

 

Le feu, dans la cheminée,

fait le bruit souple et flou

des oriflammes

et des pennons bleus des processions,

sur les quais des ports de pêche quand on va bénir la mer.

 

Le feu, très doux,

fait craquer les branches sèches,

et les fait s'affaisser avec un bruit soyeux

de jupe que l'on froisse ou de pas dans la neige.

 

Les flammes,

attachées aux sarments,

se tendent vers la lumière

-comme des âmes-

vers la lumière si lointaine

en haut de la cheminée,

et s'effilent vers la clarté

comme des algues dans le courant...

Albert-Paul Granier est né au Croisic, le 3 septembre 1888. Il est mort le 17 août 1917, "en plein ciel, en plein vol, au nord du Bois Bourru, près de Verdun" (p.17 de la préface), puisqu'il avait décidé de monter en tant qu'observateur dans les avions de l'époque, coucous de toile et de bois. Le sien n'a pas échappé aux obus ennemis.

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M
<br /> Je n'accroche pas avec le premier poème, trop guerrier pour moi. Par contre, le deuxième est très beau...<br /> <br /> <br />
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Y
<br /> <br /> C'est un peu pareil pour moi, j'ai eu un peu de mal avec les poèmes traitant de canons et des obus.<br /> <br /> <br /> <br />
H
<br /> Je découvre ! Je trouve le premier aussi touchant que le second. C'est une autre façons de voir la guerre. C'est touchant.<br /> <br /> <br />
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Y
<br /> <br /> C'est la guerre vue de l'intérieur<br /> <br /> <br /> <br />
D
<br /> J'ai lu et chroniqué ce recueil l'an dernier, il m'avait beaucoup touché et j'ai aimé l'histoire de sa publication<br /> certains poèmes sont effectivement très durs<br /> <br /> <br />
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Y
<br /> <br /> C'est vrai que le sujet ne prête pas à rire non plus.<br /> <br /> <br /> <br />
A
<br /> Des poèmes d'une autre époque.<br /> <br /> <br />
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Y
<br /> <br /> Certes, mais assez modernes pour l'époque.<br /> <br /> <br /> <br />
K
<br /> Dimanche triste, ici. Merci de parler de ce recueil (même si je ne lis pas vraiment de poésie)<br /> <br /> <br />
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Y
<br /> <br /> Moi non plus, ce n'est pas mes lectures favorites<br /> <br /> <br /> <br />