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Léopold

Publié le par Yv

Léopold, Michelle Brieuc, Ed. de la ruelle nantaise, 2011. 

Léopold vient de mourir. De se supprimer par abus de médicaments. Mais il espérait une mort paisible. Or, il débarque -ou plutôt son âme, son esprit- dans un espace ouateux dans lequel il est accueilli par une sorte d’ectoplasme barbu qui lui dit qu'il n’est pas encore prêt d’être libéré. Pour atteindre la vraie mort, il devra subir des épreuves.

Ce livre qui débute sous les meilleurs auspices –pas hospices, bien que Léopold soit un enfant abandonné-, tourne vite à l’exercice de style. Purement. Mais malheureusement, seulement. Quelle belle écriture ! Travaillée, riche. Du vocabulaire, des tournures de phrases rares et recherchées. Des imparfaits du subjonctif, habilement placés, que je prends toujours plaisir à voir et à lire -pour peu qu'ils soient intelligemment usités, ce qui est le cas ici). Un style à l’encontre de la norme actuelle qui voudrait que tous les livres soient écrits quasiment de la même manière, dans une forme accessible, simplifiée pour que le lecteur n’ait pas trop  à réfléchir. Des livres TF1. Là, on est plutôt dans un livre ARTE. Sauf que l’histoire ne prend pas -comme parfois dans les films de la chaîne franco-allemande. Trop de redondances, de répétitions, de  "tournages en rond". Quinze pages denses pour dire combien Léopold était solitaire, misanthrope, par exemple. Un peu ce que je suis en train de faire en ce moment, mais en 30 lignes seulement (vous pouvez compter, à une ou deux près, le compte est bon) !

Le texte est magnifique mais l’histoire et l’intrigue creuses. Ce qui aurait pu être un récit drôle ou grave, linéaire et progressif n’est que tautologies, redites. C’est fort dommage, car lorsque l’auteure sort de cette spirale, elle écrit des choses très intéressantes : le portrait de Léopold est un exemple d’homme effacé : "Ainsi donc je m’étais dessiné sans relief sur les pages vierges de ma vie, devenues très vite chaotiques. Les chapitres, comme autant d’épisodes insipides, s’étaient succédé sans curiosité pour aboutir à rien. Peut-être étais-je achevé avant d’être construit. Peut-être n’avais-je jamais vu le jour, le vrai, qui vous propulse au-delà de vous-même. Peut-être… Les promesses du meilleur n’avaient jamais ponctué mes envies et, voué à rien, je m’étais peu à peu embourbé dans l’invivable de mon état de fait." (p.22)

D’autres réflexions valent le coup et donnent au lecteur matière à réflexion, comme celle qui suit, que je prends volontiers à mon compte :

"Ma personnalité tendait à défendre mes goûts personnels plutôt qu'à les universaliser." (p.48)

Pas mal, n’est-il pas ? Le texte est émaillé de réflexions, d’aphorismes pourrais-je même dire de cette qualité. Vous comprenez donc alors ma déception de n’avoir pas accroché à ce livre, Léopold, qui recèle tant de qualités (d'autant plus que j'aime beaucoup ce prénom que j'ai failli donner à mon fils, si Madame Yv avait été en accord). Peut-être avais-je mis la barre trop haute ? Peut-être ne suis-je point fait pour de la littérature sérieuse qui fait réfléchir ? Ouh la, il faut que j’arrête mes questionnements, voilà que je fais mon Léopold !

Mais bon, je vous rassure, je n’ai point d’envie particulière d’aller retrouver l’ectoplasme barbu, et puis, il me reste encore plein de livres de la rentrée littéraire à lire et à commenter !

Livre lu grâce au partenariat avec Les Agents Littéraires qui tentent de défendre les petits éditeurs.  Passez les voir !  

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A
<br /> L'intrigue est creuse, un peu comme ce que cache la façade de l'immeuble de couverture.<br /> <br /> <br />
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Y
<br /> <br /> Voilà, c'est exactement cela; l'écriture n'est que la façade, mais il n'y a rien derrière<br /> <br /> <br /> <br />
A
<br /> J'aime aussi la belle écriture en général, le style, mais quand rien ne permet au lecteur de trouver sa place, ou une intrigue suffisante, je dis zut et cela m'énerve beaucoup !! Je comprends...<br /> <br /> <br />
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Y
<br /> <br /> ça arrive aprfois, tant pis, on passe à autre chose<br /> <br /> <br /> <br />