Le Horla
Le Horla, Guillaume Sorel, Éd. Rue de Sèvres, 2014 (d'après l'oeuvre de Guy de Maupassant)....,
Un homme jeune et riche vit seul sur les bords de la Seine en Normandie. Un jour, il voit passer devant chez lui un bateau qui vient du Brésil, terre fantasmée et berceau de nombreuses croyances en ce XIX° siècle. Puis, cet homme commence à mal dormir, à se sentir oppressé, remarque que l'eau de sa carafe de nuit disparaît sans qu'il y touche, du lait également. Il se sent habité par un être surnaturel.
Guillaume Sorel s'approprie ce livre extrêmement connu du Guy de Maupassant, qu'il écrivit dans les dernières années de sa vie, lorsque la folie commençait à faire son œuvre en lui. Qui ne connaît l'excellent écrivain, fin et très observateur de la bourgeoisie normande du 19ème ? J'ai vu beaucoup de ces contes ou de ses histoires joliment adaptés pour la télévision, j'en ai lus aussi, Le Horla aussi bien évidemment, sans doute l'un des plus connus de l'auteur. Et bien que nenni ! Dès que j'ouvre cette BD, je sens que je découvre une histoire, sentiment qui se confirme au fur et à mesure que je tourne les pages.
Grâce à G. Sorel, je pourrai dire que j'ai lu ce conte fantastique, paru en 1887. Le dessinateur qu'il est fait plutôt dans le dessin réaliste, qui colle parfaitement au style de Maupassant qu'on pouvait qualifier comme tel. Tons ocres de la Normandie en cet été chaud et beau (attention, contrepèterie, précision pour ceux qui ne connaissent pas ce grand classique, totalement mauvais et inutile, mais qui peut encore me faire rire) et lumineux. Tons grisés-bleutés pour les nuits agitées au sein de la maison bourgeoise. L'ambiance est au diapason de l'histoire, surnaturelle, des formes semi-humaines, sortes d'ombres sorties de l'imagination de l'homme. Cet homme qui se transforme visiblement de page en page lorsque la folie entame son travail de sape, puis s'installe durablement. On voit véritablement, l'angoisse monter dans les yeux et dans le visage de héros, la peur de la fin inéluctable pour échapper à ce qu'il pense être une possession de son corps par un être surnaturel. Tout est bien rendu.
On peut lire Le Horla de Guy de Maupassant, pour le plaisir de retrouver sa plume. On peut aussi le lire dans sa forme BD, celle de Guillaume Sorel qui en a fait un très bel album, sans trop de dialogues, certaines pages sont totalement muettes et néanmoins très parlantes pour le lecteur. Je ne suis pas forcément fan des classiques repris en BD, c'est parfois un exercice un peu casse-gueule. Guillaume Sorel s'en sort très haut la main. A conseiller à tous.
Noukette, Leiloona, Géraldine, et sûrement d'autres en parlent