Le dernier crâne de M. de Sade

Le dernier crâne de M. de Sade, Jacques Chessex, Grasset, 2009
Dans la première partie du livre, Jacques Chessex raconte les six derniers mois de la vie du marquis de Sade, emprisonné à Charenton, mais continuant de se livrer à des jeux sexuels assez dégradants pour lui, en compagnie d'une jeune fille de 15/16 ans. Dans la seconde partie, l'auteur nous parle du crâne du marquis qui, après avoir été exhumé fait des voyages et des séjours étonnants, continuant de provoquer brûlures et désirs.
J'ai beaucoup apprécié les deux précédents livres de Jacques Chessex (Le vampire de Ropraz et Un juif pour l'exemple), malgré des fins ratées -avis très personnel- et un aspect "coincé et rigide" de sa vision des événements. Je m'attendais donc à tomber dans une espèce de morale concernant le sulfureux marquis, ainsi d'ailleurs que peuvent le laisser présager les 3 pages du premier chapitre. Et puis, j'ai été fort surpris, car outre les descriptions fortes et crues des pratiques sexuelles et de la déchéance du marquis, on sent que l'auteur a pour lui une certaine admiration. Je me demande même dans quelle mesure Jacques Chessex n'a pas pris un malin plaisir (sadique ?) à ses descriptions scabreuses. Il a un détachement par rapport aux pratiques de son héros, mais est lui aussi attiré par l'aura de ce personnage, comme tous ceux qui l'entourent d'ailleurs.
J'ai donc lu ce livre à la lumière de mes précédentes lectures de l'auteur et le crâne de M. de Sade qui voyage dans la seconde partie du livre, m'est apparu comme une image du démon, de Satan. Il émet une lumière rouge-orangée, provoque des brûlures et le désir chez ceux qui l'approchent. Cette fois pourtant, Jacques Chessex ne le repousse pas, ne le juge pas, il semble même beaucoup s'amuser des aventures post-mortem de ce crâne.
Ce que j'ai lu de Jacques Chessex ne peut laisser indifférent. Ce livre ne déroge pas à cette règle.
D'autres avis chez Ys, Mango, Dasola.