Le Beau Revoir
Le Beau Revoir, Guy de la Valdène, Le cherche midi, 2003 (édité au Livre de poche)
Dans les années 1960, Vincent, élevé au château du comte de Costebelle, neveu et aide du garde-chasse de la propriété est ami avec Ragondin, braconnier et fils de braconnier. Au rythme des saisons, la vie s'écoule assez paisiblement jusqu'à l'assassinat sauvage de l'oncle de Vincent. Celui-ci, aidé de Ragondin, va alors tout mettre en oeuvre pour retrouver les meurtriers.
Très beau roman, lent, qui décrit admirablement la nature normande : on pourrait se croire parfois au début du 20ème siècle, voire à la fin du siècle précédent dans l'évocation de la campagne et des gens qui l'y habitent. Il est vrai que dans les années 1960, la France est encore rurale et héritière des vieilles coutumes villageoises, notamment dans la hiérarchie sociale : le comte de Costebelle est encore celui qui fait vivre quasiment tout le village qui environne son château.
La nature (faune et flore) est donc particulièrement bien représentée dans ce livre, mais les personnages ne sont pas en reste. Ragondin ou la vie facile de celui qui avance sans trop se poser de questions. Vincent, lui, est tout l'inverse : chaque action doit être pensée et mûrement réfléchie. En outre, il ne parvient pas à trouver sa place au milieu des villageois, balançant entre son éducation commune avec les enfants du châtelain, Roland et Nicole -et la complicité qui s'installe entre eux- et sa naissance d'une femme seule et pauvre, qui deviendra femme de chambre de la châtelaine. Nombre de ses concitoyens lui rappellent d'ailleurs qu'il est né comme eux, paysan et qu'il le restera toute sa vie.
Guy de la Valdène, qui, comme son nom ne l'indique pas est né à New-York, se partage entre les Etats-Unis et la Normandie. Il dit pratiquer assidûment chasse et pêche avec son ami Jim Harrison, ce que je crois bien volontiers, tellement ses descriptions des scènes de chasse et de pêche sont fines et réalistes (et pourtant, je suis très très loin de ce monde). On peut voir d'ailleurs dans ce livre un pendant des romans naturalistes d'Harrison, mais transposé en France et avec le talent et les particularités de Guy de la Valdène.
Il est dans ce roman tout de même une certaine tension due à l'assassinat du garde-chasse et à l'enquête menée par Vincent et Ragondin, mais je ne peux m'empêcher d'en garder un souvenir et une sensation de grande bouffée d'air peu et frais.
Un très grand merci à B.O.B et au Livre de poche pour cette jolie découverte.