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La patiente

Publié le par Yv

La patiente, Jean-Philippe Megnin, Le Dilettante, 2012

Vincent est gynécologue à Paris. Sa vie est tranquille, paisible, entre le défilé des femmes qui viennent le consulter et son amour pour Bach. Un jour, il reçoit une nouvelle patiente, Camille D. qui l'intrigue. A raison. D'une seule remarque elle fendille la douce vie du médecin qui, dès lors aura à la fois autant de désir que de crainte de la revoir.

Voilà pour mon résumé volontairement succinct et sibyllin, je déconseille d'ailleurs à tous de lire la présentation de l'éditeur : le rabat de 1ère de couverture est très largement suffisant pour préserver les surprises de ce livre.

C'est un roman court : 158 pages aérées aux petits paragraphes. En si peu de pages, JP Megnin monte une histoire assez incroyable et finement racontée. Camille est une très forte personnalité qui en impose à ses interlocuteurs, Vincent en premier :

"Je me suis rendu compte à ce moment que cette femme que je connaissais à peine avait sur moi un ascendant qu'aucune de mes patientes n'avait jamais eu, jusqu'à s'imposer par un mot, une attitude, un regard. L'exact inverse de la relation habituelle entre le soignant et le soigné. Surtout ne pas la contrarier." (p.41)

Cette femme, par de simples révélations a priori anodines va faire voler en éclat la vie de Vincent. Doucement, lentement, mais irréversiblement. Lui qui jusque là vivait une vie heureuse sans vraiment de souci va se réveiller à la douleur, à la souffrance.

"La souffrance, ça fonctionne par étapes. Ce n'est pas un sentiment. Souffrir, c'est prendre conscience, petit à petit, des différentes composantes de la douleur.

Le plus dur après le précipice de l'instant fatidique, c'est de s'installer dans l'après. Intégrer l'idée que désormais on ne pourra plus jamais parler au présent ; qu'il y a eu un avant, irrémédiablement clos. Que maintenant, c'est l'après." (p.89)

Je ne voudrais pas que vous pensiez que ce livre est totalement plombant et qu'on en ressort avec des idées noires. Certes, ce n'est pas une pantalonnade, JP Megnin ne fait pas ici étalage de son humour, mais plutôt de sa finesse (encore que ces deux termes ne puissent pas vraiment être opposés, puisque l'humour peut être fin, mais c'est un autre débat). Son intrigue est subtilement menée et racontée. Tout est dans les personnages, leurs confrontations, leurs révélations. Rien d'autre, si ce n'est l'amour de l'auteur pour le Quartier Latin et pour la Bretagne (l'île de Houat notamment). Un homme qui aime la Bretagne ne peut pas être mauvais (il y a sûrement quelques exceptions, Jean-Marie LP par exemple), et je suis sûr que beaucoup (je suis optimiste) de lecteurs de ce blog (si si il y en a !) ne me contrediront pas. Mais impartialité oblige, je ne dis pas que ce livre est bon parce que JP Megnin aime la Bretagne (ce serait lui faire injure) mais tout simplement parce qu'il est bon.

Il est noté dans la présentation de l'éditeur -que j'ai lue après le livre- que l'auteur "marche sur les traces de Boileau-Narcejac" réputés pour leurs romans policiers s'axant autour de personnages retors et complexes. Un compliment assurément qui sied à ce roman et à son auteur qui décortique les sentiments, les relations entre ses protagonistes admirablement. Aucune raison de passer à côté de ce roman qui se lit très vite, en une soirée. Si vous n'êtes pas encore convaincus, allez donc voir Sandrine, peut-être parviendra-t-elle à vous tenter plus que moi ?

 

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