La nuit n'éclaire pas tout
La nuit n'éclaire pas tout, Patricia Reznikov, Albin Michel, 2011
"Quand on s’appelle Benjamin Himmelsbar, qu’on est un vieil écrivain en proie aux doutes et qui n’écrit plus, un solitaire qui a pour tout confident son hamster Igor, et qu’on rencontre une jeune femme mystérieuse qui se dit chasseuse de miracles, sorte d’Alice au pays des merveilles qui remonterait le temps, on la suit...
De Paris à Amsterdam, de Londres à Turin, au fil de rencontres insolites et savoureuses qui font revivre l’Europe cosmopolite des années 20, les poètes russes de l’émigration, les écrivains américains du Paris des années folles, le Berlin disparu, chacun d’eux va lever ses propres énigmes tout au long d’une errance en forme de puzzle vertigineux." (4ème de ouverture)
C'est un livre étrange et un exercice original auquel se livre Patricia Reznikov. Un livre, à la fois érudit et léger, déroutant, attirant et parfois long, utile et vain. Enfin, je pourrais presque dire tout et son contraire sur ce roman. C'est un livre qui m'a plu et m'a ennuyé. Il y a dedans un je-ne-sais-quoi qui attire irrémédiablement : le détachement du narrateur, son lâcher-prise qui lui permet enfin de vivre, la rencontre avec Héloïse et leur relation totalement improbable mais en même temps tellement envisageable. L'écriture de l'auteure hésite entre-ou plutôt englobe- la légèreté, l'érudition et la poésie (de vrais poèmes s'intercalent, parfois entre deux chapitres ; le roman est une suite de petits chapitres qui rendent la lecture simple et pratique.
Résident dans ce texte une sorte de mystère et de décalage constants. Pas un suspense digne de romans policiers, non, mais une atmosphère qui plane et qui laisse ce goût très particulier. On ne sait jamais si l'on est dans le rêve ou dans la réalité, et c'est ma fois bien agréable.
En revanche, j'ai du mal à faire le lien entre toutes les informations délivrées ; j'ai presque l'impression de lire un recueil de nouvelles qui auraient en commun le narrateur. La construction de ce roman est un peu bancale : il manque quelques vertèbres pour que l'ensemble se tienne. Parce que Patricia Reznikov aborde plein de sujets, comme la quatrième de couverture -pour une fois pas mensongère- le laisse entendre. Voilà par exemple, une petite saillie tirée des réflexions de Benjamin Himmelsbar sur la rentrée littéraire que je trouve très juste :
"Je me sers mon thé goût russe avec ma théière pétersbourgeoise tout en lisant les journaux. La rentrée littéraire de janvier s'annonce et tous les articles font l'éloge des cinq mêmes écrivains à la mode. Curieux bal des vanités plein de cruels froufrous. Ça fait longtemps qu'on ne m'invite plus. Trop vieux." (p.30)
Le livre est plein de réflexions de ce genre mi-désabusées-mi-ironiques, parfois, il faut bien l'avouer, noyées au milieu de propos plus bénins, anecdotiques et pour tout dire, superflus. A mes yeux, un livre plus dense, moins épais aurait eu plus d'impact. Mais, je suis prévisible comme garçon et je dis cela assez souvent ne goûtant que très peu les gros livres. Alors, je passe des paragraphes, voire des pages. Parfois, dans certains livres, je vais directement à la fin, tellement le propos est dilué. Là, en lisant vite certains passages, je suis allé au bout, du début à la fin, parce que, comme je le disais au début de mon billet, il y a un je-ne-sais-quoi qui attire dans ce roman et qui empêche de le fermer sans le finir.
Leiloona aussi l'a lu.
Merci Aliénor.