La mort indienne
La mort indienne, Karin Fossum, JC Lattès, 2007
Elvestad, gros village norvégien : la vie s'y écoule paisiblement autour de la taverne d'Einar, des deux ou trois autres commerces plus ou moins florissants. Gunder Jomann, vendeur de matériel agricole, célibataire endurci dirait-on en France, décide quasiment sur un coup de tête de partir en Inde se trouver une femme. Le plus fou, c'est qu'il y arrive ! Il rentre en Norvège marié, sans que personne ne le sache, sauf sa sœur, Marie. Le jour où sa femme, qui a dû rester quelques jours de plus en Inde pour régler des formalités, doit arriver à Elvestad, Marie se retrouve dans le comas, suite à un accident de la route. Gunder charge alors un ami d'aller chercher, sa femme, Poona Bai, à l'aéroport pendant qu'il court au chevet de Marie. Ce même jour, dans un pré d'Elvestad, est retrouvé le cadavre atrocement mutilé d'une femme. L'inspecteur Konrad Sejer est chargé de l'enquête, secondé par l'inspecteur Jacob Skarre.
Karin Fossum écrit là son cinquième roman policier, dont plusieurs font intervenir les inspecteurs Sejer et Skarre. Personnellement, je découvre avec celui-ci l'écriture et les personnages de cette auteure, surnommée parait-il "la reine du crime" (4ème de couverture). Si on laisse de côté ce surnom, purement argument publicitaire, et que je trouve personnellement, un rien rebutant -ça me fait trop penser à M Higgins Clark dont je déteste les livres ; et oui, j'avoue j'en ai lu. Péché de jeunesse, j'espère qu'il me sera pardonné ?- on se retrouve avec un polar nordique qui répond aux règles du genre. Atmosphère lourde, crime particulièrement horrible dans une petite communauté rurale, inspecteur qui écoute, prend son temps et ne perd ni son sang-froid ni aucun détail de ce qu'il voit et entend.
Tous les ingrédients sont donc réunis dans ce très bon polar pour nous faire passer un moment de lecture tout à fait agréable. Des indices nous aiguillent tout au long du récit vers l'identité du coupable, mais on n'y croit jamais totalement, puisque d'autres indices désignent d'autres suspects. Konrad Sejer, lui, avance sans état d'âme, sûr d'arriver au bout de son enquête, grâce à sa technique faite de gentillesse, de politesse et d'empathie avec les suspects. Et lorsqu'il tient celui ou celle qu'il croit coupable, il ne lâche plus. Un vrai pitbull, lui, si calme. Et pourtant, son adjoint Skarre a des doutes quant à la culpabilité du suspect. Et nous aussi, grâce à des détails subtilement semés au cours du livre et grâce aux discussions entre les divers personnages. Ces doutes donnent un double ressenti, soit d'enquête -et de livre- pas totalement aboutie, soit au contraire, de volonté délibérée de perdre ou de troubler le lecteur.
Konrad Sejer est présent dans d'autres polars de Karin Fossum que je lirai bien volontiers à l'occasion.