La cellule de Zarkane

La cellule de Zarkane, Joseph Lubsky, Ed. Florent Massot, 2007
Zarkane est convaincu de double meurtre sur les personnes d'une femme et de sa petite fille. Meurtre particulièrement horrible. Et pourtant, lors du procès, le jury retient des circonstances atténuantes et Zarkane est condamné à "seulement" 22 années de prison. Mis à l'isolement total, à sa demande, chaque jour est pour lui un moment pour retrouver son passé, son histoire. De son enfance à ce qu'il l'a amené là où il en est, tout est dit.
Lorsque j'ai fait ma sélection pour le partenariat B.O.B et le livre de poche (puisque ce livre vient de sortir dans cette collection), je me disais que je connaissais le nom de cet auteur, mais sans pouvoir lui associer un titre de livre que j'aurais lu. Et puis, en recevant mon exemplaire, j'ai lu en première page : "Joseph Lubsky est un pseudonyme de Patrick Sébastien". Et là, me sont revenus les souvenirs de la sortie de ce roman très noir -j'avoue aussi être allé faire un petit tour sur Internet pour rafraîchir ces souvenirs- et la création par Patrick Sébastien d'un vrai personnage se faisant appeler Lubsky. Cela lui a d'ailleurs valu des critiques très favorables à l'époque, qu'il n'aurait sans doute pas eues en signant de son nom.
Anecdote et a priori mis à part, je me suis plongé dans cette lecture sombre, désabusée et vraiment très noire. Ce qui surprend tout d'abord, c'est le style : alternance de phrases classiques avec d'autres sans verbe. Parfois juste un mot. Gênant. Au début. Puis, les phrases s'allongent et l'on se prend au rythme du thriller. On ne peut reprocher à Lubsky une écriture forte ; on peut ne pas aimer, mais le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il est efficace. Mon bémol viendrait plutôt des aphorismes assez nombreux dont je ne suis pas vraiment amateur : ce genre de propos, entre le proverbe et la phrase toute faite, bourrés de clichés alourdissent le style et le discours. Par exemple, lorsque son gardien lui parle de la fameuse finale de la coupe du monde de foot 1998, Zarkane pense "[...] Que le peuple s'amuse ! Donnons-lui des gardiens de but pour qu'il n'en ait pas ! De but."
Autre chose qu'on ne peut pas reprocher à l'auteur, c'est son imagination: le livre est plein de rebondissements, de fausses pistes. Jusqu'au bout. Même dans le dernier chapitre que je trouvais inutile, il y a encore une surprise, qui rend ce chapitre finalement pas si inutile.
Loin d'être un spécialiste de ce genre de littérature -un spécialiste aura peut-être moins de naïveté que moi !- j'avoue avoir passé un moment intense en compagnie de Zarkane.