L'oeil postiche de la statue kongo
L'oeil postiche de la statue kongo, Anne-Christine Tinel, Ed. Elyzad, 2010
Emna B. est retrouvée noyée dans la Saône. Lucie Clos, l'ex-femme du mari d'Emna, est accusée du meurtre. Anna Cabane est chargée de faire l'enquête de personnalité de l'accusée pour le procès. "Est-ce parce qu'elle est enceinte [qu'elle] constate des correspondances préoccupantes entre ses enquêtes et sa vie privée : la frontière n'est plus étanche ?" (4ème de couverture). Commence alors son enquête largement perturbée par sa quête personnelle.
Attention pure merveille que ce livre. D'abord, l'objet lui-même : une mise en page très soignée sur un papier qui respire la qualité, épais, légèrement rugueux et jauni. Les jeunes éditions Elyzad, basées à Tunis ont fait un travail remarquable.
Ensuite, l'histoire, ou plutôt les histoires, puisque Anne Cabane mène une véritable enquête policière en même temps qu'elle s'interroge sur ses origines et sa future descendance. L'auteure mèle donc habilement un roman policier à une quête beaucoup plus personnelle, si bien que l'on ne sait plus dans quel genre on navigue. Ce n'est pas vraiment un polar, ce n'est pas non plus vraiment un roman de recherche des origines et de questionnements personnels. Et quel plaisir de ne pas savoir exactement où l'auteure nous emmène et de ne pas pouvoir cataloguer ce livre !
Enfin, l'écriture, originale, qui enchevêtre différents styles : classique, style beaucoup plus moderne avec des phrases aux mots tronqués, omis et de véritables poésies qui finissent les chapitres ou s'intercalent entre les paragraphes (la belle mise en page facilite ces insertions de poèmes).
Seule fausse note : à la fin du livre Anne Cabane, se prépare un petit-déjeuner, beurrant une tartine et y ajoutant de la confiture d'orange. Je déteste la confiture avec du beurre dessous !
Soyons sérieux : j'avoue rechercher, dans un livre, plutôt un style d'écriture qu'une histoire, mais lorsqu'un ouvrage m'offre les deux -et d'aussi belle manière-, alors je ne peux que me réjouir. Avis aux amateurs, je me répète : ce livre est une pure merveille à ne pas rater !
Merci à Elisabeth Daldoul des éditions Elyzad.