L'Amour sans le faire

L'Amour sans le faire, Serge Joncour, Flammarion, 2012
Franck téléphone à ses parents qu'il n'a pas revus depuis 10 ans. C'est un enfant qui lui répond. Alexandre. Comme le frère de Franck décédé depuis quelques années. Intrigué, Franck décide de se rendre dans la ferme de son enfance.
Louise, la veuve d'Alexandre, le frère de Franck, se rend également pour une semaine dans la ferme de ses beaux-parents, pour y retrouver son fils Alexandre que ses grands-parents gardent.
Voilà un livre que j'étais content d'ouvrir. D'abord, il m'est offert dans le cadre des matches de la rentrée littéraire 2012 Price Minister, et ensuite, j'ai lu pas mal de bons billets dessus, c'est d'ailleurs la raison essentielle de mon choix, et oui, c'est moi qui l'ai choisi dans une liste de 12 titres.
Je l'ouvre donc plein d'allant... qui retombe très vite (mon allant bien sûr, et presque le livre itou). De prime abord, je pense que c'est la lenteur qui plombe ma lecture. Et puis, en grand garçon et lecteur-avisé (j'ai un blog quand même !) que je suis, je me dis que ça ne peut pas être cela, que ce n'est pas un polar et que donc le rythme n'est pas en cause. C'est un roman de réflexion; celui d'un homme et d'une femme à un tournant de leur vie qui se posent plein de questions, qui se demandent, la quarantaine passée, de quoi sera fait le reste de leur vie. Avec qui ? Dans quelles conditions ? Et là, ma réflexion-à-moi à peine posée, je tombe sur ce passage :
"L'enfant, c'est toujours une manière de s'inventer une suite, de se construire un avenir, en dehors de quoi il ne reste plus rien, d'un couple une fois défait il ne subsiste plus rien, sinon des murs parfois, des souvenirs éparpillés dans la tête de chacun, mais les souvenirs, c'est rarement les meilleurs qui dominent, c'est souvent les derniers." (p.107)
Rien que du vrai là-dedans. Certes, mais quoi d'original ? Ces remarques, je les ai déjà lues ailleurs, mieux ou plus mal écrites ? Que m'apporte ce bouquin qui ne fait qu'empiler les poncifs sans leur apporter de fraîcheur, de touche vraiment personnelle ?
Le ton est résolument plombant et larmoyant. Alors, certes, les vies de Louise et de Franck ne sont pas celles dont ils ont rêvé, mais j'ai l'impression de me trouver moi-même en pleine déprime après certains passages. Je ne m'attendais pas à un récit primesautier, mais quand même, là je suis au bord du suicide.
Et puis, pour assener ma mauvaise foi et ma perfidie naturelles, je trouve quelques autres perles, par exemple, dans le genre cliché archi-rabattu :
"Dans une ville de province, c'est fatal, on finit toujours par se croiser, dans une ville de province on ne se sort jamais de son passé." (p.34) Ouais, bon, le parisianisme m'agace toujours un peu, là, ça me ferait plutôt sourire de dépit, si tant est que l'on puisse associer ces deux termes.
Dans le genre pléonasme ensuite (il n'y a qu'une seule phrase qui sépare les deux extraits) :
"Régulièrement elle tombe sur lui dans la rue, à moto tout le temps, ce garçon ne marche jamais à pied." (p.35) Sans doute qu'il agit ainsi parce que marcher à vélo, ça ne se dit pas ni ne se pratique et marcher sur les mains, eh bien, ce n'est d'une part pas à la portée de tous et d'autre part, ça ne se fait pas "dans une ville de province" parce qu'"on finit toujours par se croiser" avec des amis, des voisins, des connaissances qui verraient cette acrobatie au mieux comme une fantaisie au pire comme une preuve de l'arrivée imminente de la déchéance.
Pour finir, mauvais choix pour moi que ce livre qui ne m'a pas plu, mais bon, dans la liste il y avait P. Djian, A. Nothomb, JK Rowling, ça limitait considérablement mon choix.
Merci Olivier de Price Minister
Je crois être très isolé sur ce coup-là, puisque je ne lis que des critiques élogieuses voire dithyrambiques sur ce roman. Tant pis, j'assume, mais voyez par vous-mêmes sur Babelio par exemple qui en regroupe quelques unes.