Hitler in love
Hitler in love, Florencia Edwards, LC Editions, 2012
Recueil de nouvelles au titre surprenant et intrigant. Ces nouvelles ont en commun de mettre en scène des enfants qui n'ont pas à proprement parler un comportement enfantin. Comme le dit fort élégamment et fort joliment, dans la postface, Felipe Becerra Calderon (l'auteur de Chiens féraux, qui avant d'être publié chez Anne Carrière, le fut en numérique chez LC Editions) : "Une enfance insaisissable, aussi fugace que fugitive, qui agite et subvertit notre logique routinière, et nous apprend que l'enfant n'est pas l'homme du futur, mais son contemporain présent." (p.58)
Quatre nouvelles que voici présentées :
- Hitler in love : "Geli, volcan de son existence, lave de ses entrailles; il dormait sous ce volcan : il incarnait la ville romaine de Pompéi." (p.11)
Ou comment Adolf Hitler part en zeppelin avec sa nièce Geli. Une sorte d'enlèvement amoureux, parce que la relation entre eux est ambigüe, probablement sexuée.
- Histoire terrifiante pour enfants : "Un frère et une sœur marchèrent un jour jusqu'à une maison abandonnée. A l'intérieur de la demeure, personne ne pouvait les voir." (p.21)
Une histoire bizarre d'une petite fille atteinte de ptosis (ouais, je sais je fais mon fiérot, parce que je connais un mots vachement dur, mais je n'ai pas de mérite, il est marqué dans le livre !) qui se trouve confrontée à un chirurgien totalement barré.
- L'Homme-sac : "- Il fait toujours aussi chaud ? demanda l'homme derrière le comptoir de la pharmacie.
Il s'adressait à tous ceux qui attendaient leur tour." (p.31)
Daniel est un jeune garçon qui pense avoir un sac dans la tête. Il en parle à ses camarades de classe et à Mademoiselle Johnson, son institutrice.
- Enrico : "la mère sortit le mètre de couture de sa corbeille à ouvrage.
- Ne bouge pas, je dois tout mesurer.
- Tout ?
- Tout." (p.41)
Enrico est un jeune garçon qui subitement, un jour où la neige tombée en abondance empêche la circulation automobile tombe malade. Son père décide de l'emmener à l'hôpital, à pieds.
Un monde étonnant que ne renierait pas Freud qui a toujours parlé des pulsions sexuelles des enfants. Je vous rassure, rien d'illisible, rien qui puisse réellement choquer. Mettre mal à l'aise, sans doute un peu par les thèmes abordés et la manière de les traiter. Un rien d'innocence, un soupçon de pulsion, une once de provocation (ne serait-ce que le titre !) et beaucoup de délire, de "surréalisme" qui me font penser à l'auteur de la postface déjà cité, F. Becerra Calderon, ou encore Horacio Castellanos Moya ou bien même (et c'est toujours dans la postface) Steven Millhauser dont j'ai lu récemment Le lanceur de couteaux. Une écriture simple, claire et précise et très agréable. Felicia Edwards, comme son nom ne l'indique pas forcément est chilienne, comme F. Becerra Calderon.
Décidément, Christophe Lucquin de LC editions a un talent fou pour dénicher des textes inhabituels, intéressants qui sortent de l'ordinaire. J'aime bien quand des écrits bousculent un peu nos habitudes de lectures. Surtout Christophe, continuez et merci.