Haïti, le tri français
Haïti : le tri français est le titre d'un article du journal Le Canard Enchaîné, du 29 décembre 2010, signé D.S, qui commence comme ceci :
"Tandis que Michèle Alliot-Marie, toute nouvelle ministre des affaires étrangères, la larme à l'oeil, accueillait, la semaine passée, 314 enfants haïtiens adoptés par des familles françaises, son collègue, Brice Hortefeux refusait, tout net, l'entrée en France de 70 jeunes Haïtiens dont les familles vivent ici. Tous âgés de 19 à 29 ans. trop vieux, ils n'ont pas, il est vrai, les grands yeux effarés des bébés complaisamment montrés par tous les journaux et les chaînes de télé. Ils n'en ont pas moins, eux aussi, échappé au tremblement de terre, au chaos et au choléra qui ravagent le pays."
Ces jeunes gens n'ont pas les bons papiers pour entrer en France, fameuse terre d'accueil, puisqu'ils n'ont qu'un visa pour le Bénin. Actuellement en zone d'attente des aéroports parisiens, ils attendent justement que l'on statue sur leur sort. Au ministère de l'Intérieur, selon le Canard : "Nous accueillons ceux qui respectent la loi, pas les fraudeurs. [...] cette histoire n'est pas l'événement du siècle."
Que dire de plus ? Que j'ai honte ? Que c'est lamentable ? Que nous devrions venir au secours de ces réfugiés fuyant l'horreur ?
Bien sûr, tout cela, je le dis. Ça ne fera sûrement pas avancer les choses, M. Hortefeux, n'ayant pas réalisé "ses chiffres" de reconduite à la frontière l'an dernier, il faut qu'il commence très tôt et très fort cette année. Qu'il redouble d'efforts.
Je ne prétends pas connaître Haïti, ni ses habitants, mais j'ai eu l'occasion de lire beaucoup d'écrivains haïtiens depuis le séisme (Rodney Saint-Eloi, Yanick Lahens, entre autres) qui décrivent l'enfer qu'ils ont vécu là-bas lors de la secousse, et le chaos qui persiste depuis. La reconstruction est lente, les gens sont toujours sous des tentes, dans des conditions sanitaires déplorables, le choléra sévit, la pauvreté y est encore plus présente qu'avant, et nous que faisons-nous ? Nous disons à ces jeunes gens de rentrer chez eux dans ces conditions, sans même leur donner la possibilité de rester avec leur famille présente en France.
Je me suis toujours dit que mon blog n'était pas une vitrine pour mes opinions politiques, mais là, c'est trop ! On nous parle d'identité nationale, mais comment puis-je revendiquer cette identité si j'ai honte de ce que font mes dirigeants ? Une honte, je vous dis. Je ne reconnais pas miens ces gouvernants qui chaque jour nous font perdre la face et nous font avaler les couleuvres de la crise et de la sécurité pour mieux faire passer leurs actions dont ils ne peuvent pas se vanter, comme ces reconduites à la frontière déshonorantes. Encore qu'en les flattant un peu il trouverait moyen d'en tirer gloire, si cela pouvait servir leurs propres intérêts.