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Geluck se lâche

Publié le par Yv

Geluck se lâche, Philippe Geluck, Casterman, 2009

Sous-titré : "Textes et dessins impolis", ce livre porte bien son nom. Contrairement aux livres concernant le héros fétiche de l'auteur, Le Chat, cet ouvrage est plein de textes. Quelques dessins, pas toujours bien pensants voire franchement politiquement incorrects et tellement drôles. J'avoue un penchant -très honorable- très fort vers Geluck et son chat : j'ai tous les exemplaires dans ma bibliothèque et j'adore les rouvrir de temps en temps.

En lisant ce dernier livre, je ne suis pas vraiment surpris du ton général, parce que Le Chat est parfois méchant, parfois dérangeant et met le doigt là où ce n'est pas toujours bon de le mettre.

Dans Geluck se lâche, ce qui peut surprendre, c'est la succession des vacheries et autres méchancetés, mais que "c'est bon de rire parfois",comme disaient Les Nuls. Enchaînant anachronismes, détournements, réécritures de grands textes, métaphores, néologismes, horreurs, loufoqueries, "absurderies", extravagances, inventions, bizarreries, Geluck écrit des textes drôles, absurdes juste comme j'aime : "Mettons-nous quelques instants à la place d'un glaçon dans le congélateur (en n'oubliant pas d'enfiler un bon pull pour ne pas attraper froid, ah ! ah ! ah !). C'est quoi, la vie d'un glaçon ? Durant toute la gestation, c'est-à-dire depuis la conception (l'instant où le papa-robinet féconde la maman-moule-à-glaçons en la remplissant d'eau) jusqu'à la naissance (le moment où le volume d'eau froide devient glace), le glaçon aura sans doute vécu la plus belle partie de son existence."(p.51) Je vous conseille d'ailleurs la lecture de cette histoire absurdo-comique du glaçon jusqu'à sa fin : "Il [le glaçon] s'endort et se dilue, un peu pété, en voyant défiler toute sa vie, c'est-à-dire surtout de l'obscurité avant d'y plonger définitivement."

Dans d'autres textes, il aborde des thèmes plus actuels, tragiques et réels, mais toujours par l'angle de l'humour, par exemple lorsqu'il parle du traitement médiatique des morts plus ou moins important selon qu'ils sont riches ou pauvres, jeunes ou vieux, connus ou inconnus : "Mais tous les vieux qui sont morts depuis [la canicule], ça n'intéresse plus vraiment. Sauf s'ils étaient connus. Aaaaah, là, je ne dis pas ! Du vieux qui décède à Monaco ou à Rome, ça c'est intéressant ! Ça madame, ça se trouve tout en haut du classement. C'est de l'occidental, du très connu et du très vieux et ça mérite qu'on s'en gave. Mais de l'enfant esclave en Amérique du Sud ou en Asie de Sud-Est, ça vit et ça meurt sans que ça nous concerne vraiment. Le jeune bougnoule de là-bas ne fait pas le poids face au people bien gras d'ici. Que voulez-vous, c'est la loi des médias." (p.111)

Et puis, au milieu de toutes ses bétises, Geluck glisse un petit texte, une parabole racontée par un vieux Chinois, racontant qu'une année est comme un mur que l'on monte, même si l'on y met des fenêtres, on ne pourra plus le franchir pour revenir en arrière : on pourra éventuellement  regarder son passé, mais le plus important est de penser au prochain mur, celui que l'on commence le 1er janvier à 00h01 et qui nous permettra d'avancer.

Qu'on se le dise, Geluck a des talents multiples et n'est pas un gentil, un béni-oui-oui, un dessinateur mièvre !

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A
<br /> Déjà avec le chat je ne le trouvasi ps mièvre du tout.<br /> <br /> <br />
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Y
<br /> <br /> Non, c'est vrai, c'est parfois anodin, mais rarement mièvre.<br /> <br /> <br /> <br />
K
<br /> ta dernière phrase : on n'en doutait pas, le chat, déjà, ça décoiffe parfois!<br /> <br /> <br />
Répondre
Y
<br /> <br /> Il égratigne souvent et sous des dehors gentils ne se gêne pas pour balancer des choses dures.<br /> <br /> <br /> <br />