Freaky fridays
Freaky Fridays, Brigitte Aubert, Ed. La branche, janvier 2012
Mamie Hélène est une paisible retraitée, veuve depuis une année qui fait et livre des gâteaux dans les environs de son village normand. Un jour, en allant en apporter un chez ses voisins les Devauchelle, elle est témoin de l'assassinat de toute la famille (sauf Gaëtane, la petite fille handicapée mentale et Adrianus le chien). Apeurée à l'idée d'être un témoin gênant, donc éliminable, elle met en sécurité la petite et le chien et s'enfuit. Dès lors, Mamie Hélène va se transformer, ou plus exactement, retrouver ses vieux réflexes, recherchée très activement qu'elle est par divers clans. Attention, Mamie Hélène n'est pas Mamie gâteau !
Si je vous dis : éditions La branche, collection vendredi 13, Close-up, L'arcane sans nom, Samedi 14, ça vous dit forcément quelque chose, sinon, c'est que vous ne lisez pas assez attentivement mon blog. Et dans ce cas-là, vous me voyez franchement déçu par ce manque d'assiduité. Snif, snif... Bon, je répète donc pour les quelques inattentifs : Vendredi 13 est une collection de polars aux différents écrivains s'appropriant ce jour très particulier, chacun à leur manière, et jusque là, formidablement bien. Ce quatrième opus, signé Brigitte Aubert est dans la pure lignée des autres : passionnant, rythmé avec des personnages forts et des situations parfois drôles. Mamie Hélène se fait un plaisir même pas dissimulé de faire la nique à la mafia, aux services secrets, ... Et nous avec elle ! Un vrai plaisir de l'accompagner, de voir ses transformations et un vrai suspense de savoir si elle va s'en sortir et si oui, comment. Voilà comment débute ce roman :
"Hélène Robinson éteignit le gaz et leva les yeux de ses fourneaux pour regarder par la fenêtre. Le ciel s'était couvert, des nuages gris accouraient en bande, poussés par le vif vent d'est. Du côte du Havre, l'horizon restait bleu, les pétroliers défilaient lentement, les usines crachaient leurs panaches blancs. Elle soupira. Cela faisait plusieurs jours qu'elle n'était pas allée se promener sur la plage. Elle devrait prendre un chien. Ça la forcerait à sortir. Joe n'aurait pas voulu qu'elle reste confinée, le nez dans ses rosiers ou dans ses fourneaux." (p.7)
Je vous cite cet extrait parce que c'est à peu près le seul passage reposant qui laisse du répit au lecteur. Après, Brigitte Aubert nous entraîne dans une course effrénée sans temps mort. A peine, les Devauchelle ont-ils trépassé que d'autres suivent : "Six morts en début d'après-midi. Quatre en fin de soirée. Total dix pour la journée. Impressionnant après dix ans de balades à marée basse et de petits gâteaux. Une vraie hécatombe digne d'un vendredi 13. Freaky Friday, jura-t-elle à voix basse. Même Stephen King avait peur des vendredis 13." (p.78)
Loin d'être un spécialiste des polars, je ne connaissais pas Brigitte Aubert qui compte pourtant beaucoup de livres de ce genre à son actif (au moins quinze si j'en juge par la dernière page recensant les livres du même auteur). Je confesse mon ignorance mais me suis rattrapé, car, j'ai adoré ce livre et Mamie Hélène qui m'a impressionné et fait rire. C'est ce qui est bien dans ce bouquin : au fur et à mesure que les morts pleuvent les rires -ou sourires- enflent. L'auteure en rajoute dans le rayon ironie, moquerie des mecs, des durs, des vrais Hommes qui ne parviennent pas à arrêter une brave (?) mamie. Et tout cela écrit dans un style finalement assez... masculin : mots d'argot, gros mots, mais avec une finesse féminine de bon aloi.
Et l'intrigue, me direz-vous ? Eh bien, suffisamment tortueuse pour tenir la route et en haleine. Je ne vous en dirai point plus pour laisser agir le suspense.
Décidément, cette collection des éditions La Branche est une pépite de vrais bons polars à la française.
Grand merci Davina de chez Gilles Paris pour ses envois et son accueil.