Eté
Été, Mons Kallentoft, Ed. Le serpent à plumes, 2010
Linköping en Suède subit cet été une canicule sans précédent. Les températures avoisinent les 38°/39°. La forêt aux alentours est en flammes et les pompiers luttent jours et nuits contre le feu. C'est la saison que choisit un sadique pour enlever, violer et tuer des adolescentes de 14/15 ans. Malin Fors, commissaire dans cette ville enquête, aidée de Zeke, son collègue.
Dans Hiver, le précédent polar de Mons Kallentoft avec Malin Fors, il m'a fallu m'habituer avec la narration particulière : les morts "s'expriment" (paragraphes en italique), tentent d'aider et d'influencer les personnes auxquelles ils "parlent" et les vivants qui ne les entendent pas réellement font parfois des gestes inhabituels pour eux, mais recommandés par ceux qui savent, ceux qui sont passés par là, les victimes. Pour Eté, pas de temps d'adaptation ; il est construit exactement pareil qu'Hiver et est tout aussi passionnant. J'aurais pu me lasser d'un certain copier/coller de style et de forme. Point du tout. Ça a le goût d'un bon polar nordique, malgré les chaleurs extrêmes. D'ailleurs, encore une fois, le temps est un contexte formidable et très présent : aucun moyen d'éviter la chaleur, la fatigue, la moiteur et l'ambiance chaude des nuits et des jours de Linköping. La chaleur de la forêt en feu fait monter la température d'encore plusieurs degrés.
L'enquête est lente, très lente, Malin Fors et son équipe ont du mal à trouver l'énergie nécessaire, accablés qu'ils sont par la fournaise. Ils font quelques oublis, commettent quelques maladresses : j'ai lu ce livre début juillet en pleine grosses chaleurs chez nous aussi. Difficile d'en sortir, mais au moins, je pouvais compatir aux malheurs, et je pouvais comprendre la difficulté des policiers à formuler des hypothèses, à se concentrer totalement. Ils suivent cependant toutes les pistes, même les plus insignifiantes, les plus improbables, et encore une fois la clarté sortira d'une piste secondaire voire tertiaire.
Ce qui me plaît bien en plus du côté polar, c'est que l'on suit la vie privée de Malin : ses amours, ses doutes, ses souffrances. La vie de femme célibataire, mère d'une adolescente n'est pas de tout repos, surtout lorsqu'un tueur s'attaque justement aux adolescentes.
J'ai bien un ou deux petits reproches à adresser à Mons Kallentoft ; d'abord, il ne s'attache qu'à la vie de Malin Fors et laisse tomber un peu celles de ses coéquipiers qui mériteraient un traitement un peu plus profond. Ensuite, je pense que Automne et Printemps suivront et je me demande s'il ne peut pas finir par lasser s'il les construit comme les deux précédents romans. Mais ça je le dirai en temps voulu, parce que je compte bien aller au bout de cette série qui jusque là me réjouit.
Kathel est aussi enthousiaste que moi, Canel nettement moins. D'autres avis chez B.O.B.