Des hommes et des dieux
Des hommes et des dieux, Xavier Beauvois, 2010
Adaptation libre de l'histoire des moines de Tibéhirine, en Algérie, enlevés et tués, probablement par le Groupe Islamiste Armé, qui dans les années 1990 (pour eux, ce fut en 1996) semait la terreur dans la population algérienne, égorgeant, apeurant Algériens et étrangers.
Film coup de cœur pour certains. Chef d'oeuvre pour d'autres. Une quasi unanimité pour ce film de Xavier Beauvois. Sauf pour moi ! Et oui, au risque de déplaire, j'ose dire que je n'ai pas aimé ce film. Très lent. Trop lent. J'ai failli sortir de la salle avant la fin de la première partie. (Bon, je dois dire aussi que la salle de mon petit cinéma de quartier était pleine et que ma voisine s'était aspergée d'un parfum lourd, capiteux et très gênant pour mon odorat fin !) Et puis, la seconde partie est un peu mieux. Mais malgré ce qu'en j'avais lu et ce qu'on m'en avait dit, c'est un film trop centré sur la religion et pas assez sur les rapports entre les moines et les habitants du village. Beaucoup de questions sont abordées : l'engagement dans la religion, jusqu'où peut aller un moine sans se renier ? Le martyr est-il nécessaire et important ? Si oui, dans quel but : pour les moines eux-mêmes, pour un "coup de pub" pour la religion ou pour défendre les plus malheureux ?
J'eusse préféré qu'au premier plan ces moines se préoccupassent beaucoup plus du sort des Algériens du village et qu'ensuite arrivassent leurs questionnements certes légitimes, mais qui à mon sens prennent une trop grande importance dans le film.
Mention très bien quand même aux acteurs, tous très bons -même si Lambert Wilson en fait un peu trop-, Michael Lonsdale, parfait en médecin, profond et malicieux et Olivier Rabourdin, excellent en moine qui doute.
En résumé, pour moi, pas assez d'humanité et de fraternité entre les moines et les villageois et trop d'émotion facile ; pas assez de vivre ensemble et trop d'interrogations nombrilistes.
La scène de trop : pour moi, il y en a beaucoup, notamment les prières, les messes fort abondantes, mais le summum du ridicule est atteint lorsque Xavier Beauvois filme les 9 moines en gros plan, puis très gros plan, lors de ce qu'ils savent être leur dernier repas ; le vin qu'ils ne boivent pas d'habitude est apporté par Frère Luc et, sur Le lac des Cygnes de Tchaïkovsky, ils dînent en riant et pleurant : la Cène. Gros et inutile.