Dernier été à Mayfair
Dernier été à Mayfair, Theresa Révay, Belfond, 2011
"Mayfair, Londres, été 1911. Lord et lady Rotherfield s'apprêtent à recevoir la haute société anglaise dans leur somptueuse demeure de Berkeley Square, pour le bal des dix-huit ans de leur fille Victoria. Artiste, idéaliste mais décidée à faire un beau mariage, la jeune fille ne veut pas manquer son entrée dans le monde. Pourtant, elle est en colère. Sa sœur Evangeline, vingt ans, a disparu. Dans la matinée, celle-ci s'est rendue à l'une de ces abominables réunions de suffragettes dont elle n'est toujours pas revenue. C'est Julian, le frère aîné, qui la retrouve enfin derrière les barreaux d'une sordide prison de Bermondsey, l'un des quartiers ouvriers de l'East End où couve la révolte. Julian n'apprécie guère le comportement de sa sœur, lui, l'héritier de la dynastie, prisonnier d'une vie qu'il n'a pas choisie mais dont il assume les contraintes par sens du devoir. Il ne comprend pas plus Edward, son frère cadet, qu'il juge égocentrique et inconscient. Homme à femmes, charmant dilettante et passionné d'aviation, Edward a des dettes de jeu. Pour les honorer, il doit remporter le premier prix d'une course d'aviation et vaincre son plus grand rival, le Français Pierre du Forestel, un jeune homme aussi séducteur et fantaisiste que lui." (4ème de couverture)
Très mitigé mon bilan de ce livre. D'abord, j'y entre avec circonspection, car je ne suis pas fan des sagas, des aventures des grandes familles. Puis, je m'y mets avec plaisir parce que l'auteure commence très bien son roman avec des personnages qui semblent être intéressants, une époque qui l'est sans aucun doute et un certain souffle dans son récit qui emmène le lecteur. Enfin, je redeviens circonspect voire réticent devant des descriptions longues et inutiles, des tergiversations et des discours fatigants.
Donc, tout commence bien, Theresa Révay installe tout son petit monde en Angleterre, dans l'aristocratie. Tout va bien pour tout le monde jusqu'à ce qu'une des héritières se pique de féminisme, qu'un des frères se passionne pour l'aviation et que l'autre se renferme sur lui et sur les principes de sa classe sociale. Des archétypes, bien sûr, surtout si l'on rajoute le majordome fidèle, les travailleuses miséreuses, mais ce genre de roman fonctionne avec des stéréotypes ou des clichés pour bien installer l'atmosphère. Ce n'est pas là-dessus que je titille l'auteure, mais plutôt sur des détails dont on se passerait bien, comme des descriptions mal ficelées (à mon goût), par exemple celle qui suit que je vous laisse apprécier :
"Depuis des semaines, le ciel offrait un visage radieux. Le plus souvent céruléen, il fonçait parfois à en blesser les regards. La terre reposait, inerte, vaincue." (p.62)
D'autres passages sont dignes de la littérature style Harlequin (je dis ça, mais c'est un a priori, puisque dans ma grande inculture je n'en ai lu qu'un seul il y a très très longtemps. Pour savoir. J'ai lu, je n'ai pas recommencé) lorsque deux protagonistes (un homme et une femme, cha ba da ba da) se retrouvent ensemble et sont prêts à croquer la pomme ! C'est vrai qu'on est habitué à des récits crus et directs mais là, même les oreilles les plus chastes peuvent lire ces lignes (encore que je doute que des oreilles puissent lire, mais bon, c'est une image !). C'en est agaçant tellement c'est cucul (si vous me passez ce vocable). Oh, je ne demande point de passages salaces qui ne me plaisent pas plus que cela non plus, mais là on frise le ridicule. Ajouté à cela les descriptions de paysages plates et banales dont je parlais plus haut et vous pourrez comprendre mes réserves.
C'est d'ailleurs fort dommage, parce que en éludant et en coupant dans ce gros texte (473 pages) on aurait pu avoir une saga plus ramassée, plus courte et plus percutante. Avec les personnages de Theresa Révay et la période dans laquelle elle situe son histoire, il y avait de quoi faire mieux.
Néanmoins, que mon avis peu enthousiaste ne dégoûte pas les amateurs (trices) de ce genre de romans, parce qu'ils (elles) trouveront sûrement leur bonheur entre ces pages. Madame Yv dirait que c'est mon insensibilité qui me fait écrire toutes ces méchancetés.
Clara est plus emballée que moi.
Merci quand même Davina.