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Conflit de voisinage

Publié le par Yv

Conflit de voisinage, Rafaële Rivais, Éd. Max Milo, 2013

Lorsque Rachel Kubler, journaliste, revient s'installer à Paris après quelques années passées en Belgique, elle n'a d'autre solution que de louer un souplex chez un bailleur social. Seule avec deux petites filles, elle emploie une jeune fille au pair. Très vite, elle s'aperçoit que sa voisine Audrey Nichelong ne la supporte pas. Et c'est un euphémisme. Tout ce qu'entreprendra Rachel pour améliorer son habitat sera systématiquement vécu comme une provaocation par sa voisine. Et le ton monte très vite. Jusqu'où Audrey Nichelong sera capable d'aller pour nuire à Rachel Kubler ?

Il y a il paraît de nombreux conflits de voisinage en France. Ce roman est d'ailleurs basé sur des faits réels. De petites brimades en gestes plus dangereux, la tension monte et la peur s'installe. Acculée, la victime tente d'alerter bailleur social, police, mais tous sont très occupés à d'autres tâches moins gênantes pour le premier et plus valorisantes pour la seconde. Et Rachel doit alors se débrouiller seule, d'abord contre des petits tracas, avant que ça ne dégénère :

"Elle [Audrey Nichelong] se mit à guetter les allées et venues de sa voisine. Quand elle la savait prête à sortir de l'immeuble, elle préparait une bassine d'eau. S'il n'y avait personne dans la rue, elle la vidait sur sa tête au moment où elle franchissait la porte d'entrée, située au-dessus de sa cuisine. Elle l'entendait avec jubilation remonter chez elle pour se changer. Elle retira le nom de sa boîte aux lettres afin qu'elle ne reçoive plus son courrier. Hélas, l'autre l'écrivit au feutre sur le métal. Lorsqu'elle l'apercevait dans la rue Kubler en train de rentrer chez elle avec sa poussette double et les petites dedans, elle bravait le flot des voitures pour arriver avant elle au pied de l'immeuble : elle maculait d'huile la poignée de la porte d'entrée ou bien appuyait sur la totalité des boutons de l'ascenseur afin qu'il s'arrête à chaque étage et qu'il l'oblige à poireauter. Elle continua d'envoyer les chats faire leurs besoins dans ses plantes, la nuit : non seulement ils les déracinaient, mais ils les remplissaient d'excréments." (p.113)

Le livre se présente comme un roman, je l'ai ressenti plus comme un écrit journalistique. Certes, le suspense et la tension sont bien pesés et bien amenés. Certes, la construction est plutôt romanesque. Mais, l'écriture est journalistique : de petites phrases rapides, claires, nettes, précises qui font mouche mais qui ne réussissent pas à donner à ce livre le charme d'une oeuvre littéraire. Tel n'était peut-être pas le but de l'auteure? Si son but était de construire un roman façon roman noir avec des gens normaux, dans des situations courantes, rien qui malheureusement ne sorte vraiment de l'ordinaire (lorsque je dis cela, ne le voyez pas comme une critique négative, mais comme un simple constat des situations décrites) en faisant monter tension et intérêt du lecteur, le pari est réussi. 

Vous ne verrez plus vos voisins comme avant si vous avez la chance de croiser la route de ce petit roman (188 pages) -ou si vous faites en sorte de l'avoir en mains- rapide et efficace. Quand je pense que j'ai invité les miens il y a quelques semaines...

Merci Flora

polars.jpg

region-copie-1.jpg

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E
Il me tente vraiment celui-ci, je le note... J'ai toujours pensé que nos voisins pouvaient devenir nos pires ennemis ;-)
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Y
<br /> <br /> Vrai, il faut savoir garder des relations de voisinage uniquement<br /> <br /> <br /> <br />
L
je suis aussi dans un bouquin où les relations de voisinage semblent des plus importantes...
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Y
<br /> <br /> Il y en a quelques uns a priori<br /> <br /> <br /> <br />
A
Très tentant malgré tes bémols !
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Y
<br /> <br /> C'est un récit journalistique avec des qualités <br /> <br /> <br /> <br />
Z
Je ne voudrais pas me fâcher avec mes propres voisins !!! donc je ne crie pas plus fort !!!!!!!!!!
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Y
<br /> <br /> Pas faux. Bien vu<br /> <br /> <br /> <br />
Z
Quelle adoraaaaaaaaaaaaable voisine !!!
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Y
<br /> <br /> crie le encore plus fort, on ne sait jamais...<br /> <br /> <br /> <br />
C
Salut Yv... Voilà un "sujet de société" pas si anodin, en effet. En immeubles ou entre maisons individuelles, ces conflits de voisinage peuvent prendre une tournure inquiétante, proche de<br /> l'hystérie. Dans ce roman, c'est "une contre une", semble-t-il. J'avais évoqué le cas de Jean-Claude Basset<br /> (http://action-suspense.over-blog.com/article-brest-justice-pour-jean-claude-basset-90954848.html) qui est mort à cause d'une situation comme ça.<br /> Amitiés.
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Y
<br /> <br /> Claude, j'avoue que j'avais raté ton billet, mais encore une fois la fiction est moins forte que la réalité. La peur et la rumeurs entraînent des comportements inadmissibles, au prétexte de<br /> protéger ce sont les plus bas instincts des hommes qui remontent.<br /> <br /> <br /> Amicalement,<br /> <br /> <br /> <br />
V
en lisant le résumé, je me disais que ça faisait reportage... ça m'agacerait un peu je crois!
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Y
<br /> <br /> on est entre le roman et le reportage, pas inintéressant du tout<br /> <br /> <br /> <br />
K
C'est malheureusement très réaliste ! Le coup de l'ascenseur qui va à tous les étages, je connais, de la part de voisins qui viennent de déménager (bon vent )... Mais l'écriture ne me plairait pas,<br /> je crois...
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Y
<br /> <br /> c'est assez spécial comme écriture effectivement<br /> <br /> <br /> <br />
A
Je viens de le terminer, et j'ai beaucoup aimé. Brrr, sacrée voisine !
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Y
<br /> <br /> Dans un genre similaire : Cannisses de Marcus Malte, ça fait peur<br /> <br /> <br /> <br />