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Close-up

Publié le par Yv

Close-up, Michel Quint, Ed. La Branche, 2011 (Collection Vendredi 13)

Miranda effectue des tours de cartes au Quolibet, un cabaret assez miteux de Lille, un numéro de close-up. Un soir, entre dans ce cabaret un groupe emmené par Bruno Carteret, magnat du BTP, la cinquantaine triomphante. Miranda reconnaît en lui celui qui dix ans plus tôt, a donné à sa vie son ton misérable. Elle décide de se venger et lui prédit sa mort avant le vendredi 13. Ce qu'elle ne prévoit pas, c'est qu'on va attenter à la vie de Bruno peu après cette soirée et qu'il viendra se réfugier chez elle. Ainsi, elle se retrouve à protéger l'homme dont elle souhaite la ruine.

Les éditions La branche lancent la collection Vendredi 13, et excusez du peu, mais ont déjà publié Michel Quint donc, J-B Pouy et Pierre Bordage ! Et sont prévus Olivier Maulin, Jean-Marie Laclavetine Patrick Chamoiseau et Alain Mabanckou, entre autres. Très alléchant !

Pour Close-up, ce qui m'a emballé tout de suite, c'est le style, la langue de Michel Quint. Je me suis régalé de ses phrases qui alternent le plus beau français, avec des expressions latines (c'est le dada, le TOC même, de Bruno) et les mots de patois lillois ou d'argot. Et ses phrases, très ponctuées, triturées, déstructurées. Quel plaisir de lecture avant tout ! Un exemple ? Allez, je suis bon :

"Ce soir, pas long après la Toussaint, quand les larmes écloses au bord des tombes n'ont pas encore séché aux joues mais que le parfum des fêtes allume déjà l’œil, marché de Noël, grande roue sur la place de la Déesse et tout le tralala, elle glisse de son tabouret, et tend le bras, paume ouverte, pour accueillir cinq hommes et une jeune femme blonde qui entrent en secouant la brume de leurs épaules." (p.9/10)

J'en ai plein d'autres que j'ai notés et notamment les descriptions des personnages qui sont absolument formidables. Lorsque Bruno fait les présentations de sa belle-famille à Miranda, lors de la soirée où elle lance sa prédiction, on a presque l'impression d'être à l'hippodrome ou à une parade hippique, avec belles dames et beaux messieurs :

"Elle s'arrête au passage dire deux mots à un vieux monsieur, tout blanc de poil, une tête de percheron sournois, les dents aussi et la carrure, les paluches comme des pâturons. [...] Miranda passe ainsi en revue, Henri Vailland, frère aîné d'Eléonore, autre cheval, plus grand que son père, les attaches plus fines, mais la gueule, la gueule, il est carnassier ce bourrin-là, et pas à son aise, mou de partout, sauf du râtelier... [...] Jeanne aussi, la cadette, moins jument, quand même de la race, costaud, en robe longue, vraisemblablement d'un jeune créateur audacieux du froufrou et belge, belge comme son mari, Charles Dierickx, "dans les affaires", exactement du négoce par ci par là, un peu de tout, un maigrelet qui respire peu pour bomber le torse, une tête de jockey de trot, avec écrit margoulin partout sur lui, même dans l'accent à la Brel qu'il n'a pas." (p.43/44/45)

Vous l'avez compris je me suis régalé de l'écriture de Michel Quint. Maintenant, qu'en est-il de l'histoire ? Eh, bien assez nébuleuse et rebondissante pour qu'on s'y intéresse aussi. L'auteur maîtrise bien ses effets et nous les distille à petites doses, pour nous garder vigilants. Je pourrais dire que la relation entre Miranda et Bruno est assez prévisible -mais pas désagréable-, mais c'est vraiment le seul reproche que je pourrais faire à Michel Quint.

Le seul ? Pas sûr, lisez plutôt cela :

"Elle sait que sa voix a grimpé dans les aigus, qu'elle fait ado hystérique à un concert de Frédéric François..." (p.114)

Qui pourra croire que Frédéric François s'attire encore des cris d'adolescentes ? Et même des adolescentes dans ses concerts  ? Et même simplement des concerts ? (Désolé, mes sœurs ! Ne lisez pas ceci, vous qui vous pâmâtes devant ce ... chanteur, pour mon grand malheur -et celui de mes frères-, nous qui fûmes obligés de l'entendre, parfois brailler depuis votre chambre, en duo ou trio avec vous-mêmes !)

Las, M. Quint, je suis désolé de vous dire que vous n'êtes point crédible, vous eûtes été plus inspiré en écrivant : " Elle sait que sa voix a grimpé dans les aigus, qu'elle fait ado hystérique à un concert de Justin Bieber..."

Mais que cela ne vous empêche pas -oh que nenni- de vous précipiter sur ce livre pour déguster, que dis-je pour vous empiffrer, de la belle langue onctueuse, pulpeuse, généreuse et plein d'autres adjectifs en "euse" de Michel Quint !

Merci Davina de chez Gilles Paris.

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P
comme je n'avais pas lu tes critiques je me rattrape...Belle ecriture mais à la longue pas trop irritante? tu vas me dire que non...bon ..voyons si la mediatheque l'a en rayon
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Y
<br /> <br /> Loin d'être irritante, c'est tout le contraire ! Un plaisir de bout en bout<br /> <br /> <br /> <br />
Z
<br /> Je viens de le finir et nos avis se rejoignent beaucoup. Woaw, quel style! J'ai été complètement happée moi aussi, surtout par les premières pages que j'ai trouvées excellentes. Sans aucun doute,<br /> je vais aller voir les autres titres de cette collection de plus près.<br /> <br /> <br />
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Y
<br /> <br /> Je me suis régalé moi aussi : celui de Pierre Bordage, L'arcane sans nom, dans un autre style (notamment littéraire, plus sobre et classique) est saisissant<br /> <br /> <br /> <br />
G
<br /> La lilloise d'origine que je suis ne dit pas non à l'aspect lillois de ce livre, mais ce méfie tout de même de la survivance d'un certain chanteur !<br /> <br /> <br />
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Y
<br /> <br /> F. François, c'est juste pour la plaisanterie, le reste est excellent ! Dont la promenade à Lille<br /> <br /> <br /> <br />
C
<br /> Perso, je viens de lire l'opus de Pouy dans la même collection (billet demain !) et je me suis tout autant régalé au niveau de l'écriture et des dialogues ! J'ai comme l'impression que ce Vendredi<br /> 13 porte chance à ses auteurs ! :)<br /> <br /> <br />
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Y
<br /> <br /> Des trois premiers c'est le seul qu'il mereste à lire, le deuxième est très bien aussi !<br /> <br /> <br /> <br />
A
<br /> Comment ça, tu n'aimes pas Frédérique François ? Une pointe de jalousie, peut-être....<br /> <br /> <br />
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Y
<br /> <br /> Même pas ! Il a au moins 15 ans de plus que moi ! Et puis, je suis pas mal moi aussi ;)<br /> <br /> <br /> <br />
S
<br /> Je n'adhère pas à style, je suis beaucoup plus classique dans mes gouts...<br /> <br /> <br />
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Y
<br /> <br /> J'aime bien cette écriture mais le classique, c'est pas mal aussi !<br /> <br /> <br /> <br />
S
<br /> Bon, je le commande !<br /> <br /> <br />
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Y
<br /> <br /> Aïe, quelle responsabilité j'ai maintenant !<br /> <br /> <br /> <br />
S
<br /> le livre fait-il la part belle au close-up et à la magie ou le titre n'est-il que pretexte ? Mon fils en est passionné et le lirait certainement dans ce cas<br /> <br /> <br />
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Y
<br /> <br /> Si je peux aider un garçon a accéder à la lecture alors, je dis oui, le mien n'est pas très fan et je suis toujours ravi de lui trouver un livre qui lui plait. Pour ce qui est du close-up, il en<br /> est beaucoup question, puisque Miranda en a fait sa profession et qu'elle se servira de son art pour diverses actions, mais ce n'est pas un manuel de close-up, ni même des tours expliqués<br /> partiellement. Michel Quint garde justement toute la magie des trucs ! Bonne lecture au jeune homme si d'aventure...<br /> <br /> <br /> <br />
L
<br /> je n'aurais pas pensé que c'était un polar<br /> <br /> <br />
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Y
<br /> <br /> Et si, et plutôt pas mal fait, en plus de la superbe écriture.<br /> <br /> <br /> <br />