Café Panique Publié le 15 Octobre 2012 par Yv Catégories : #Nouvelles Café Panique, Roland Topor, Wombat Éditions, 2012 (éditions Seuil, 1982), suivi de Taxi stories (éditions Safrat, 1988)Roland Topor est un habitué du Café Panique. Au gré des verres de (bon) vin partagés, il y glane des histoires, vraies ou totalement inventées, peu importe. Trente-huit d'entre elles, telles de petites nouvelles, se retrouvent dans ce recueil. Puis, c'est ensuite au tour de ses aventures dans les taxis parisiens d'être narrées dans Taxi Stories.Roland Topor a tout fait : écrivain, humoriste, dessinateur, cinéaste, acteur, et j'en passe. Il a notamment collaboré à l'écriture de Palace ou de Merci Bernard et co-créé Téléchat ! Cette ré-édition de ces histoires est une brillante idée pour entrer ou rentrer dans son monde de douce folie, de délire, d'humour noir, de décalage total, d'absurdité. On ne rit pas à gorge déployée, mais on sourit très très souvent et parfois même des éclats de rire fusent. Pour décrire son univers, j'en appellerai à plusieurs références, certaines qui lui sont antérieures et qu'ils l'ont sans doute nourri et d'autres qui lui sont postérieures et qu'il a sûrement nourries. La première qui me vienne à l'esprit c'est Alphonse Allais, et son humour noir et absurde, référence évidente pour moi. Ensuite, je peux parler évidemment des Brèves de comptoir de Jean-Marie Gourio (qui signe d'ailleurs la préface) : les histoires de R. Topor sont des brèves de comptoir, version longue. Plus récemment, j'ai lu Le bar parfait de JB Pouy, qui sent bon comme le livre de R. Topor, les déambulations pour trouver le meilleur bar de Paris, les virées entre copains de beuverie, ... et je retrouve la camaraderie, l'amitié que R. Bohringer décline dans son bar Au bout du monde (Les nouveaux contes de la cité perdue). Que du beau monde !Les personnages de ce livre ont tous des noms particuliers qui se retrouvent dans les titres : par exemple et dans aucun ordre particulier : Histoire de Pas-de-Bol, Histoire de Gros-bide, Histoire de Goût-Bulgare, Histoire de Double-Face et de Frisée-aux-Lardons ou encore Histoire de Chaussettes-Humides, ... Certaines sont vraiment excellentes, comme celle de Pas-de-Bol, un dompteur qui cumule les ennuis (d'où son nom) et qui est obligé de se recycler :"J'ai connu un type qui était dompteur. Je n'ai jamais su comment il se nommait en réalité, mais nous, on l'appelait Pas-de-Bol parce qu'il collectionnait les tuiles. Le pauvre vieux avait des cicatrices partout. Je dis vieux, mais sa cinquantaine était encore toute neuve. Son truc favori consistait à fourrer la tête à l'intérieur de la gueule d'un lion, et crac ! régulièrement le lion éternuait, ou rotait, ou lui balançait un coup de queue, enfin bref, Pas-de-Bol se retrouvait à l'hôpital où bien entendu tout le monde l'accueillait à bras ouverts." (p.61) L'histoire est triste et drôle et la chute inattendue m'a fait éclater de rire.L'Histoire de Peut-Mieux-Faire est aussi dans mes préférées : à la suite de la parution de cette histoire dans laquelle R. Topor prend des libertés avec la religion -on ne se refait pas, dès qu'on s'en prend aux religions, attention, il faut quand même l'art et la manière, je savoure- et son principal héros, Jésus, dans le Nouvel Observateur (c'était leur destination première avant édition), certains lecteurs du journal se sont plaints, R. Topor se fend donc d'une Histoire de Peut-Mieux-Faire (suite) : "[Certains Lecteurs] avaient envoyé des lettres ulcérées pour dire que j'étais une ordure d'une bassesse pas possible, et tout ça à cause de ce pauvre Peut-Mieux-Faire, parce qu'il avait raconté la vie du Christ de travers. Bon, je me dis, c'est de sa faute, c'est à lui de répondre à la critique. (...) Il lut attentivement les lettres, un étrange sourire aux lèvres. Quand il eut terminé, il vida sa Suze cul sec.- Tu veux que je te dise, ces gens-là, moi, je les trouve pas très catholiques." (p.129)Imparable, non ?Pour finir, un mot sur le livre en lui-même : belle mise en page (pour les gens âgés comme moi, n'oubliez pas vos lunettes, la police est un peu petite), des illustrations de Nicolas et Roland Topor et une couverture avec une tranche rouge qui imite les anciennes tranches en tissu des vieux bouquins ; le reste de la couverture est très beau également, la première, la quatrième et les rabats. Très bel effet ! Partager cet article Repost0 S'inscrire à la newsletter Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous : Vous aimerez aussi : Voilà, c'est fini... 80 mots de Corée du Sud Limite vide Pamplemousse Ce que cache ton nom Les Immortelles Commenter cet article Ajouter un commentaire Z zazy 18/10/2012 16:11 et oui, je me lâche !!! Répondre Y Yv 18/10/2012 19:30 <br /> <br /> Une vraie poétesse<br /> <br /> <br /> <br /> Z zazy 17/10/2012 22:47 Topor : j'adore Répondre Y Yv 18/10/2012 15:17 <br /> <br /> Quelle classe ! Un commentaire en vers !<br /> <br /> <br /> <br /> Z zazy 17/10/2012 22:02 Ha Topor !!!! une fois de plus, tu me séduis Répondre Y Yv 18/10/2012 15:17 <br /> <br /> Inévitable, évidemment<br /> <br /> <br /> <br /> A Alex-Mot-à-Mots 16/10/2012 13:23 Topor, il me faisait peur quand j'étais petite.... Répondre Y Yv 16/10/2012 18:47 <br /> <br /> Ik faut combattre le mal par le mal, tu verras, ça ira mieux après cette lecture.<br /> <br /> <br /> <br /> Retour à l'accueil