Aime-moi, Casanova
Aime-moi, Casanova, Antoine Chainas, Folio policier, 2010 (Gallimard, 2007)
Milo Rojevic est flic. Drogué de sexe, d'où son surnom Casanova, il est plus souvent à s'occuper avec une femme qu'au travail. Il fait enrager tous ses collègues et ses chefs. Mais lorsque son équipier, Giovanni, disparaît, c'est lui qui doit s'y coller. A son grand étonnement, sa recherche le mène vers des lieux louches, glauques et pas franchement fréquentables. Giovanni, le si estimé, le quasi saint serait-il tombé si bas ?
Ouh la la il est pas bien le Milo ! Quelle déprime ! Et ce n'est pas cette histoire de disparition de son collègue qui va lui remonter le moral. Bon d'accord, il y a les femmes qu'il consomme en grande quantité et qu'il ne voit que comme des conquêtes sexuelles éventuelles. Sa drogue, c'est cela. Mais c'est vraiment une drogue, parce qu'il ne voit dans les femmes que la possibilité de les posséder, et rien d'autre. Il les aligne, a un tableau de chasse impressionnant qui dérange et rend jaloux ses collègues. Loin de le réconforter, ces conquêtes le laissent encore plus mal. Je ne vous ferai pas le coup de la psychanalyse à deux balles, mais je sens que le Milo, il doit avoir un sérieux problème à régler. Y arrivera-t-il ? Eh bien, je vous laisse le soin de le découvrir.
Antoine Chainas crée un personnage hors norme, très décalé dans la littérature policière. Pas bien pensant, pas politiquement correct. Une sorte de San Antonio déprimé ; parce que si dans San A, le sexe est joyeux, ici, la chair est triste. Un polar à ne pas forcément mettre en toutes les mains, mais qui vaut le détour, parce qu'il est loin de ce qu'on peut lire en ce moment. Loin des polars étasuniens (même s'il y en a sûrement de très bons). Loin des polars venus du froid (que j'adore !). Un polar à la française, bien écrit, moitié belle langue-moitié argot-moitié vulgaire (oui, je sais, ça fait une moitié de trop !).
Casanova dépressif, mais pas déprimant, découvert (merci à eux) grâce au partenariat B.O.B et Folio.