Un dieu un animal
Un dieu un animal, Jérôme Ferrari, Actes sud, 2009
Un jeune homme revient dans son village natal après s'être battu en Irak en tant que mercenaire. Il a perdu là-bas son ami d'enfance qu'il avait entraîné dans cette aventure. Il éprouve d'énormes difficultés à se reconnaître dans son village et à travers ses parents : "il est condamné à affronter parmi les siens une nouvelle forme d'exil." Il tente, pour se sauver, de retrouver la jeune fille qu'il avait rencontrée adolescent, Magalie.
Étonnant récit qui s'adresse au jeune homme à la deuxième personne du singulier, qui parle de Magalie à la troisième personne et qui passe de l'un à l'autre très habilement, sans arrêter le cours des mots et sans que le lecteur ne perde le fil. On suit très bien cet homme dans sa quête d'identité et de Dieu. Pas de chapitres, le récit est ininterrompu pendant les 100 pages du livre. Magalie est plus ordinaire, si je puis m'exprimer ainsi, mais n'a pas vécu les horreurs de la guerre dans le désert. Néanmoins, elle est un personnage important qui peut sauver l'ex-mercenaire, elle-même en pleine interrogation sur le sens de sa vie.
Ferrari adopte un style très personnel, tout en retenue, en évocation plutôt qu'en description. Un style poétique qui tranche avec le sujet traité.
Je ne cache pas que je me suis un peu ennuyé sur certaines longueurs, notamment lorsque Jérôme Ferrari évoque le prophète Hussein Ibn Mansûr El-Hallaj et la quête divine du héros. J'ai été tenté de les passer assez vite. Par contre nombre de passages excellents voire vraiment jubilatoires et passionnants sauvent l'ensemble du bouquin qui marquera ses lecteurs, moi en particulier. D'une part par la qualité d'écriture et d'autre part par la qualité des personnages décrits et par leur force.