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Blood and sugar

Publié le par Yv

Blood and sugar, Laura Sheperd-Robinson, 10/18, 2021 (traduit par Pascale Haas)

"Juin 1781. Un cadavre pendu se dessine au travers des brumes de la Tamise. Tad Archer, brillant avocat abolitionniste, a été torturé et porte les mutilations réservées aux esclaves rebelles.

Son plus vieil ami, le capitaine Harry Corsham, se voit chargé par la sœur de défunt de trouver le coupable. Avant sa mort, Tad enquêtait sur un secret qui pouvait, selon lui, causer des dommages irréparables à l'industrie esclavagiste britannique.

Mettant en péril sa carrière de parlementaire, Harry Corsham reprend l'enquête pour comprendre les raisons de ce meurtre atroce." (4ème de couverture)

Passionnant ce roman policier en plein cœur de la traite négrière en Angleterre, pays que je croyais, dans ma grande naïveté, étranger à ce commerce. Mais comment aurait-il pu en être autrement sachant qu'il a bâti de colossales fortunes et que l'Angleterre était l'un des deux plus grands pays colonisateurs ?

Deptford, à l'époque n'était pas encore un quartier de Londres, mais une ville portuaire insalubre dans certains endroits, franchement glauque parfois et beaucoup plus fréquentable là où vivaient les notables. Notables enrichis par le commerce d'esclaves, donc très loin des idées de Tad Archer et de Harry Corsham, abolitionnistes convaincus. Laura Sheperd-Robinson décrit bien la noirceur et la tension qui règnent dans les rues de la ville. Les marins vivotent, dans l'attente d'un prochain bateau en partance vers l'Afrique, car ce sont les voyages qui rapportent le plus. Mais, l'esclavage "ça eût payé", le temps général est tout de même à l'élargissement des esclaves - qui souvent restent au service des leurs anciens maîtres, payés quelques sous, pour le même travail. Des avocats de Londres sont parvenus à libérer certains noirs de leur esclavage, et Tad Archer s'est donné comme mission rien de moins que d'abolir l'esclavage. Il croit avoir en sa possession tous les arguments pour cela. C'est tout cela que va devoir chercher Harry Corsham. Et c'est un euphémisme que de dire qu'il va trouver une forte opposition à ses recherches, à Deptford et à Londres, puisque certains grands du royaume sont impliqués.

Le roman est lent, les déplacements se font à cheval, les communications nécessitent du temps, des trajets. C'est plutôt un bon point, car l'autrice peut développer des idées, des réflexions : "J'avais entendu parler de juifs anglais qui, à cause des préjugés de leurs voisins chrétiens, s'étaient rasé la barbe et avaient banni leur religion afin de se faire passer pour des chrétiens. Mais ce genre de choses n'était pas possible pour un Africain, ce dont je me félicitais à maints égards. Pourquoi un homme aurait-il dû cacher ce qu'il était réellement ? Ce n'était qu'en acceptant nos différences que nous trouverions une meilleure façon de vivre, et en nous opposant à la bigoterie que nous finirions par terrasser le monstre de la division." (p.259)

Elle peut également parler de l'horreur de l'esclavagisme, de l'arrachement au pays et aux siens, des violences extrêmes à l'encontre des esclaves, des viols, des marquages au fer rouge, des voyages en bateau dans des conditions inhumaines qui en voyaient mourir beaucoup et de leurs vies en Europe, sans liberté. Très bien documentée, elle raconte une époque violente, très dure envers les minorités, en fait tous ceux et toutes celles qui n'étaient pas des hommes blancs hétérosexuels. Un roman qui, bien que gros et lent, est passionnant et donne très envie de lire tout ce qu'a écrit Laura Sheperd-Robinson.

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L
L'esclavage ! Une des horreurs qui me bouleverse toujours.
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Y
J'aimerais qu'elle bouleverse tout le monde, mais malheureusement ce n'est pas le cas.