Summer blues
Summer blues, Julie Pabout-Grobe, Ouest-France, 2022
Aloys Weber, richissime chef d'entreprise franco-suisse décide de fêter ses 70 ans sur l'île de Stiriben, en Bretagne. Ses cinq enfants et ses 3 petits-enfants arrivent chacun leur tour, pas très enjoués à l'idée des réjouissances familiales. Alors qu'ils ne sont pas encore tous arrivés, le cadavre d'Aloys est retrouvé. Le casse-tête des deux flics venus de Rennes commence : Aloys Weber a tellement manipulé, manigancé que tout son entourage a au moins une bonne raison de vouloir sa mort. Lorsque d'autres membres de la famille sont victimes d'attaques, le mystère s'épaissit encore davantage.
Summer blues est le premier roman de Julie Pabout-Grobe. Roman dense, un peu long sur la fin, sur la partie résolution des énigmes, mais que je n'ai pas pu lâcher tant il est fouillé et très bien écrit. Il vaut mieux d'ailleurs ne pas décrocher pour ne pas se perdre. Ce qui prime ce sont les relations entre tous les personnages. L'autrice a dessiné des portraits très nets. Ils vont tous passer par différents états. Certains avec la certitude et l'arrogance propres aux hommes et femmes qui ont réussi, qui ont de l'argent et une famille qui compte, dont on parle dans les milieux chics et d'affaires et qui, devant la mort et la violence qui s'abat, perdent de leur superbe. Julie Pabout-Grobe a finement travaillé les relations familiales, les liens créés dans le passé ou la distance prise dès l'enfance, qui s'exacerbent dans la difficulté. C'est vraiment très bien fait, et les plus forts ne sont pas forcément ceux qui le paraissent le plus. C'est fin, cynique, décortiqué et étudié à la loupe.
Pour une entrée en littérature policière, l'autrice commence très fort. J'aime beaucoup ces romans dans lesquels les groupes se déchirent, se soutiennent tout en se soupçonnant tous plus ou moins, se jalousent, règlent leurs compte entre eux, espèrent encore de la reconnaissance ou de l'amour d'un père manipulateur -et sont souvent déçus. Voilà, il y a tout cela dans Summer blues, plus les histoires de gros sous, plus des à-côtés sordides liés aux affaires pas très nettes ni légales du patriarche ou à l'image qu'il faut donner... Ah les conventions sociales...