Que la peur te sublime
Que la peur te sublime, Benoît Bernier, Ouest France, 2022
Années, 1990, Nantes, Livius Carmin, journaliste qui vient de connaître un moment de notoriété grâce à l'affaire du Sacrifice des oubliés est interpellé un homme qui pense que son petit-fils a été assassiné. Par bonté d'âme, Livius commence à glaner des renseignements et sent bientôt qu'il a mis le doigt sur une affaire pas banale. Il s'en ouvre à David Durieux, son pote flic et repère d'autres cas de morts inexpliquées qui pourraient entrer dans cette affaire. Toutes les victimes avaient des phobies. Et si un tueur cherchait à se servir des ces peurs pour ses manœuvres funestes ?
Et Inès Pylore, fille d'un homme d'affaire qui disparaît pourrait bien être la future victime.
Retour de Livius, après donc Le sacrifice les oubliés, et retour gagnant tant, de nouveau, cette enquête est prenante, originale et les protagonistes très sympathiques. Benoît Bernier réussit à créer une équipe d'enquêteurs menée par le duo Livius/David, bien aidés respectivement par Jean, le grand-père de Livius et les 4 collègues de David. Même si j'ai eu des doutes sur le coupable, assez vite, grâce à certains détails qui finiront par interpeller Livius lui-même, l'intrigue tient jusqu'au final tendu, sans ennui ni temps mort. C'est diablement bien ficelé et mené, tout s'emboîte parfaitement à la fin.
Par une langue argotique, orale, des blagues potaches sur certains noms de famille (par exemple l'un des témoins se nomme Marcel Doidanleux, mais c'est bien fait pour ce nostalgique du bon temps de l'Occupation ; deux flics en planque se nomment Poiron et Dabin -du nom de viticulteurs connus sur le sud de Nantes et chez qui je me fournis régulièrement), l'auteur crée une ambiance légère, de pote qui se tirent la bourre sur une enquête, mais toujours dans l'intérêt des victimes, jamais dans le but malsain d'être le meilleur. Tous se vannent beaucoup et les blagues de Livius ou de David si elles ne sont pas de haut niveau, font rire et prouvent leur proximité.
Et avec tout cela, Benoît Bernier construit un polar très plaisant qui, à l'instar de Stéphane Pajot grand connaisseur de Nantes et auteur de polars très recensés sur le blog, nous balade dans les rues de la ville, nous apprend des petites choses sur certains quartiers ou personnages et est d'une grande originalité. Nul doute que j'ai envie de retrouver Livius pour ses prochaines aventures que je souhaite longues. Benoît Bernier, un auteur de polar à découvrir et qui promet de futurs excellents moments de lecture.