Les pionniers. La machine du diable
Les pionniers. La machine du diable, Guillaume Dorison, Damien Maric, Jean-Baptiste Hostache, Rue de Sèvres, 2022
La fin du XIXème siècle est propice aux inventions, aux brevets, notamment dans la photographie et le son et ce qui deviendra le cinéma. De jeunes hommes et femmes tentent de monter des entreprises, de tirer profit de ces inventions pour s’enrichir. Parmi eux, Léon Gaumont et Charles Pathé qui vont pendant des années, se tirer dans les pattes, faire preuve d'ingéniosité pour supplanter l'autre, faire appel à des inventeurs et à des artistes de génie dont Alice Guy pour Gaumont et Georges Méliès pour Pathé. C'est la naissance d'un nouvel art qui attire toutes les peurs et les scepticismes voire les sarcasmes, freiné par l'incendie du bazar de la charité dû à une lampe à éther sur le projecteur.
Ce sont les seize années de 1891 à 1907 et la conquête des États-Unis que raconte cet album. Très documenté, il complète le Alice Guy de Catel et Boquet qui lui, se focalisait sur la réalisatrice. Il explore la difficile relation entre Gaumont et Pathé, la rivalité où presque tous les coups sont permis. Méliès et Alice Guy se servent de la notoriété des deux groupes et de leurs financements, mais ils sont circonspects quant aux querelles et à la naissance d'un cinéma qui doit rapporter au détriment de l'art et de la création. Les hommes d'affaires parlent déjà de reproduire ce qui a marché pour rentabiliser.
C'est un très bel album, assez dense mais facile d'accès autant dans les dialogues que dans les dessins (Jean-Baptiste Hostache) et les informations sur les différents procédés et inventions qui ont participé à la naissance du cinéma. Presque cent cinquante pages pour ce premier tome qui a dû nécessiter un boulot de titan pour rassembler la documentation (documentation et contexte historique : Damien Maric), la synthétiser et la scénariser (Guillaume Dorison).