Le bal des cendres
Le bal des cendres, Gilles Paris, Plon, 2022
Un été à Stromboli à l'hôtel Strongyle tenu par Guillaume et Giulia sa fille adolescente. Il y a là Lior océanologue, Anton chirurgien dans les zones de conflits et Sevda sa femme qui bien que très attachée à lui supporte ses fréquentations, Abigale et Eytan, Ethel et Sebastian le frère et la sœur longtemps séparés, une famille française avec trois enfants dont Tom, Elena comtesse italienne, Thomas photographe allemand, Gaetano, Pippa... Tous passent leurs vacances ou habitent l'île. Ils viennent oublier leurs soucis, attendre un amant, visiter le volcan. Ils vont se rapprocher, s'éloigner. Et toujours ce volcan qui surplombe, fascine et attire.
Roman choral construit avec de courts chapitres aux noms des différents personnages qui interviennent donc à tour de rôle. Ce procédé permet de ne pas se perdre et si tant est que cela puisse arriver, de se retrouver aisément, la preuve j'y suis parvenu. Ils sont réalistes, très différents les uns des autres, chacun avec ses qualités et ses défauts. "Ils sont sensibles, lâches, infidèles, égoïstes, enfantins. Elles sont fortes, résilientes, légères, amoureuses." (4ème de couverture) Et chacun vient avec des secrets, des choses à cacher dont il n'est pas fier. La mort, souvent de parents ou de proches est présente en chacun d'eux, comme en chacun de nous et j'aime beaucoup les phrases suivantes de l'auteur : "On ne fait jamais le deuil de ceux qu'on aime. Ils vivent à jamais en nous, dans le souvenir, et pas seulement." (p.54) Et Giulia la lumineuse d'éclairer tout cela.
Et il y a le contexte géographique, cette île de Stromboli et le volcan éternel, puissant, omniprésent en visuel et dans les pensées, qui est le fil rouge du livre, inoubliable, et qui obligera les intervenants à se révéler, à cesser de se mentir, à prendre des décisions parfois douloureuses, parfois salvatrices, parfois les deux. Et au jeu des confessions et des révélations, les apparences sont souvent trompeuses. Gilles Paris sait y faire, Le bal des cendres est son dixième livre. Dans tous, ces héros sont dans des moments de leurs vies où ils se posent beaucoup de questions et se remettent en cause, mais il ne se répète pas, surprend et change d'angle, de construction, de lieu. Et même s'il reprend ici des personnages de son recueil de nouvelles La lumière est à moi pour leur donner plus de corps, plus de temps pour s'exprimer, pour vivre il n'écrit pas le même livre. Tant mieux, il n'y a rien qui m'ennuie plus que de lire les mêmes choses.
L'écriture de Gilles Paris est sensible, on sent qu'il aime ses personnages. Il leur imprime une réalité et une humanité qui font d'eux des voisins, des amis, des gens que l'on croise quotidiennement. C'est un très beau texte dont on sent qu'il a longtemps mûri. S'il se laisse aborder aisément, il n'use pas pour autant de facilités. Son roman donne envie de visiter Stromboli et pourquoi pas d'y rencontrer certains habitants fictifs et réels.