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Le Requin de Shinjuku

Publié le par Yv

Le Requin de Shinjuku, Arimasa Ôsawa, Atelier Akatombo, 2020 (traduit par Jacques Lalloz)

Tokyo, années 1990, le capitaine Samejima, promis à un bel avenir est freiné dans son ascension parce qu'il s'oppose à sa hiérarchie et entend faire le travail comme il le veut. Il sait et détient des preuves que les élites de la police sont corrompues et s'arrangent avec les yakuzas. Et Samejima, il n'y a rien qu'il exècre plus que les contrevenants à la loi qu'ils soient yakuzas ou flics.

Pour le moment, il est sur la piste de Kizu, un fabricant clandestin d'armes qu'il a déjà envoyé en prison. Il veut cette fois-ci trouver son atelier pour le coincer définitivement. Lorsque des gardiens de la paix sont abattus par une arme inconnue, Samejima est le seul à faire le lien avec Kizu. Aussi travaille-t-il en solo.

Une découverte pour moi que ce polar japonais qui m'a laissé un goût de "revenez-y" avec néanmoins quelques réserves. Celles-ci sont davantage sur la forme qui parfois, traîne dans des descriptions notamment sur les différentes armes, sur les parcours de Samejima dans son quartier de Tokyo. C'est somme toute assez mineur et quelques pages peuvent se passer vite. Le reste m'a plu. L'intrigue n'est pas hyper originale ni décoiffante, elle est classique, mais bien menée et entretient une tension jusqu'à la fin. Ce que j'ai aimé c'est le dépaysement : je ne lis qu'un peu de littérature asiatique et japonaise mais pas vraiment du polar -un seul je crois, Out de Natsuo Kirino. Arimasa Ôsawa nous plonge dans le quartier le plus chaud de Tokyo, le plus vivant et si l'on s'imagine un Japon aseptisé, propre et des Japonais au cordeau, il fait sauter cette image : des boîtes, des salles de concert, de jeux, des bordels... Et il le fait avec une écriture simple, directe qui ne s'embarrasse d'aucun artifice. C'est tellement réaliste, que parfois, on a l'impression d'un reportage journalistique. J'aime bien, on sait où l'on va et on entre aisément dans Shinjuku grâce à cela.

Et puis, il y a aussi son flic intègre, le capitaine Samejima surnommé le Requin de Shinjuku "cet inspecteur solitaire qui s'approchait sans bruit pour se ruer tout à coup sur sa proie." (p.48) un solitaire puisque personne ne veut bosser avec lui et qu'il aime bien cette situation, contraint de cacher sa relation avec Shô une chanteuse d'un groupe rock, pour la protéger. A l'heure où la police de Tokyo chasse le communiste -certaines unités sont dédiées à cela-, lui préfère traquer le crime d'où qu'il vienne. Pas très apprécié par ses collègues et même franchement haï par le commandant Kôba issu de la même promotion, qui lui a su grimper les échelons, il mène ses enquêtes comme il l'entend.

Bref, une très belle découverte et j'ai la suite dans ma liseuse -enfin, celle de Madame Yv-, Le singe venimeux.

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A
Une jeune maison d'édition qui propose des textes passionnants. Et puis le Japon est dépaysant.
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Y
Effectivement, dépaysement assuré tant la culture japonaise est éloignée de la nôtre