Le démon de Beg-Meil
Le démon de Beg-Meil, Françoise Le Mer, Palémon, 2021
Julie ne décolère pas : la jeune femme vient d'apprendre que sa sœur Audrey, plus âgée d'une quinzaine d'années va épouser Marlon Martin qu'elle a connu lorsqu'elle était visiteuse de prison. Ce dernier a purgé une peine de vingt ans pour quatre meurtres et viols de jeunes femmes qu'il a toujours niés. Audrey idéalise sa future vie de femme mariée, persuadée que l'amour permettra à Marlon de se réinsérer dans la société. Mais à peine installés à Beg-Meil, dans la maison héritée de ses parents, elle déchante, Marlon n'est pas aussi prévenant que dans leurs échanges épistolaires. C'est alors qu'une jeune femme est assassinée et violée avec le même mode opératoire que Marlon vingt ans plus tôt. La police, évidemment, sous les traits de Marisol Geoffroy et Michel Le fur, lieutenants du commissaire Le Gwen, le soupçonne d'avoir récidivé.
Nouvelle enquête pour le duo Le Gwen et Le Fur, finalement peu présents, notamment pour le premier nommé. On suit davantage la lieutenante Marisol Geoffroy mais surtout Marlon Martin et Audrey dans leur difficile apprentissage de la vie de couple et de la liberté. Après un départ un peu lent, la situation se met en place et très vite se corse entre la gentille et un peu naïve Audrey et le retors Marlon. Et comme tout finit par se savoir dans les petites communes, l'identité du tueur-violeur en fait bientôt le tour et les jeunes mariés sont regardés et jugés, ce qu'Audrey, libraire, vit mal. L'auteure pose la question de la réinsertion des ex-détenus, la difficulté de leurs proches, le soupçon permanent, mais aussi de la maltraitance et de la violence que subissent certains enfants et la violence faite aux femmes.
Françoise Le Mer construit habilement son récit, nous baladant gentiment, tissant une toile de laquelle ses héros auront du mal à s'extirper et ne nous épargnant pas quelque surprises qui augmentent notre intérêt et opacifient son intrigue qui, même si j'ai deviné quelques pages avant la fin son dénouement, tient largement la distance. Très bon roman policier, parfois dur par les thèmes qu'il aborde, jamais violent gratuitement.