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Va manger tes morts

Publié le par Yv

Va manger tes morts, Pascal Martin, Jigal polar, 2021

Rio Capo Ortega est enquêteur pour les compagnies d'assurance. C'est un pur, un cador dans sa discipline. Il ne laisse rien passer et dès qu'il flaire une arnaque à l'assurance, il creuse et trouve. On ne la lui fait pas à Rio. Rio est aussi un homme paisible qui vit seul à Paris.

Un soir, dans une brasserie, il assiste à une discussion houleuse entre une jeune femme, romane, et un homme plus âgé. L'homme gifle violemment Romane à plusieurs reprises. Rio intervient et se fait bousculer par l'homme. Romane dégaine un fligue de son sac et tue son agresseur. Elle prend Rio en otage pour s'enfuir et se terre chez lui. C'est là que les ennuis commencent pour Rio. Romane, elle, les ennuis, elle les vit depuis l'âge de cinq ans.

Pascal Martin, dont j'ai ici chroniqué pas mal de romans, a écrit avec Va manger tes morts son dernier, il est décédé en juillet 2020. Et avec tout le respect que je dois à l'auteur décédé, je me dois de dire qu'il fait encore mouche et avec talent. Son histoire, pas banale, notamment parce que Romane s'exprime dans une langue qui emprunte à l'argot au parler gitan, au langage du moment des jeunes et a recours à des expressions très personnelles, ce qui fait qu'elle est parfois un peu hermétique : "Au fil du temps, Rio s'était habitué aux répliques nébuleuses de Romane. Il ne comprenait pas toujours ce qu'elle disait, ni le sens des mots qu'elle employait, mais on peut aimer la musique d'une chanson sans en comprendre les paroles." (p.143) Si pour le lecteur, le début peut paraître abscons, la gouaille, l'entrain de la jeune femme emportent tout et on se fait même à son parler d'autant plus que parfois, Rio traduit pour lui-même et donc pour nous.

La cavale de Rio et Romane ne sera pas de tout repos, dès qu'un danger paraît passé, un autre surgit : "Cette histoire était comme une poupée gigogne. Chaque fois qu'une vérité apparaissait, il y en avait une autre cachée à l'intérieur. Un vrai théâtre d'ombres." (p.202) On se demande même jusqu'au bout s'ils s'en sortiront et si oui, comment, mais rien de ce que l'on peut envisager ne se déroule vraiment, c'est Romane qui décide de tout et qui surprend tant Rio que nous-mêmes.

Un polar rapide, vif, dynamique notamment grâce aux dialogues et à la quasi hyper-activité de Romane à laquelle il est difficile de résister. D'ailleurs pourquoi résisterait-on lorsque se propose à nous un excellent roman noir ?

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A
Le titre est violent tout de même.
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Y
Certes, c'est une expression qui sort de la bouche de Romane