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L'ombre de la nuit

Publié le par Yv

L'ombre de la nuit, Marco Pianelli, Jigal polar, 2021

Un vagabond, une nuit, sur une route d'Ardèche sous des trombes d'eau. Trempé, il ne rêve que d'un arrêt de car, une grange ou tout autre endroit où s'abriter, lorsqu'une voiture s'arrête. A son bord, une femme seule, Myriam, qui rentre du travail et refait inlassablement le trajet sur lequel son fils a disparu cinq années auparavant.

La femme offre le gîte et le couvert à Paco Sabian qui peut se sécher, se laver et qui, touché par la détresse de Myriam accepte de jeter un œil sur le dossier de disparition de son fils. Il devient alors un gêneur pour certains et un homme difficile à contraindre et impossible à contrôler.

"La pluie s'acharnait, comme intentionnelle. Elle faisait payer quelqu'un. C'était en tout cas son impression. Il faisait du stop depuis l'aube. Il tombait de quoi noyer un navire." (p.7) Voilà les premières phrases de ce roman qui ont confirmé mon envie de l'ouvrir. Et le reste est à l'avenant, Marco Pianelli aime jouer avec les mots, les expressions, pour noircir des pages et son roman qui est déjà très très sombre : "Larmes en rétention à la limite de la fuite oculaire, en funambule." (p.12) Pour un premier roman, il fait très fort, et très noir. De la pure action, avec un Paco Sabian, sur-entraîné, capable du meilleur et surtout du pire, de se sortir de toutes les situations. Entre Sherlock Holmes pour son sens de l'observation et de la déduction et un héros de film-de-gros-bras-étasunien. Un solitaire, un taiseux dont on ne sait pas grand chose et qui ne s'épanche pas. Héros solitaire typique du cinéma hollywoodien dans un roman français noir, dur et violent. Du pur testostéroné avec un gentil -mais pas seulement- qui défend la veuve -qui ne l'est d'ailleurs pas.

De l'action, des rebondissements là où l'on croyait que l'histoire se finirait facilement, un poil de finesse là où l'on pensait à des échanges musclés et virils et tout cela dans, je me répète, une langue bien choisie, des mots et des formules qui cognent. Pas mon genre de littérature noire préféré, mais c'est d'une part très bien fait et d'autre part ça l'est tellement qu'une fois commencé, il est bien difficile d'en sortir, sauf parfois pour se reposer après une altercation entre Paco et d'autres gros bras (on ressentirait presque la douleur des coups), mais c'est pour mieux y retourner voir si Paco va bien.

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