Ainsi sera-t-il
Ainsi sera-t-il, Sandrine Destombes, Hugo Poche, 2021
La commissaire Maxime Tellier se remet doucement d'un burn-out, suite à une enquête et des événements tragiques et traumatiques. Son ami, le commandant Fabio Cavalli est toujours dans le coma, une balle dans la tête et le tireur toujours pas identifié. Maxime et son équipe décident de mener leurs propres investigations. Ils sont aussi chargés d'élucider la mort d'un joggeur empoisonné, un prêtre cachottier. Puis, c'est une amie de Max qui l'appelle à l'aide, son mari, gendarme tente de résoudre une affaire non classée vieille de quinze ans qui le mine ; le temps d'un week-end en Normandie, Max va tout faire pour les soulager.
Polar mené tambour battant, sans répit. A peine repartie au boulot, Max est assaillie et la tête dans le guidon. Les trois enquêtes sont bien construites, elles réservent leurs surprises et rebondissements et si l'une ou l'autre n'est pas surprenante quant au non du ou de la coupable, c'est davantage la manière de parvenir au résultat qui est intéressante. D'abord, Sandrine Destombes dresse un contexte détaillé : la mafia russe ou le monde de l'intégrisme catholique qui n'ont de lien entre eux que parce que ce sont les mêmes enquêteurs qui s'y plongent. Puis, ses flics sont sympas, efficaces et pugnaces. Ils forment une équipe soudée qui abat un boulot de titan, évacue les mauvaises pistes pour trouver le détail qui les mènera sur les bonnes. Les rapports entre eux sont bien décrits et si Max bénéficie d'une plus grande mise en avant, ses collègues ne sont pas invisibles , même si leurs vies personnelles sont un peu entre parenthèses le temps des enquêtes délicates.
Le ton du polar oscille entre gravité et légèreté, comme dans la vie. Certaines réparties amènent le sourire, comme ce dialogue entre Max et son chef :
"-En gros, vous êtes en train de me dire que notre curé était un queutard qui cherchait à prendre la tête d'un mouvement catholique radical, c'est bien ça ?
- Je ne pensais pas l'écrire tel quel dans mon rapport, mais en gros, oui, c'est ça.
- Génial ! La prochaine fois que vous avez envie de m'achever, Tellier, tirez entre les deux yeux, ça ira plus vite. Quand je pense que l'Intérieur de voulait pas de remous. Avec les vagues que cette histoire va faire, la presse va pouvoir surfer toute l'année." (p.264)
Sandrine Destombes, dont j'ai déjà lu et chroniqué Le prieuré de Crest et Madame B, s'impose à moi comme une autrice de polar retorse, à l'imagination fournie et au talent certain pour raconter des histoires donc indispensable et ça tombe bien, j'ai son prochain roman qui m'attend.
PS : ce titre, initialement paru chez Nouvelles Plumes en 2016 et qui est la troisième aventure de la commissaire Maxime Tellier a été totalement réécrit pour cette édition.