Fucking Melody
Fucking Melody, Noël Sisinni, Jigal polar, 2021
Fiorella, quinze ans est soignée dans une clinique depuis longtemps. Fiorella vient d'apprendre qu'elle est plus gravement atteinte que ce qu'elle croyait. Dotée d'une imagination sans fin, elle s'invente des passés et son présent, ne pensant pas à l'avenir. Elle a fait la connaissance de Soline, musicienne et clown qui intervient dans l'établissement. Puis de Boris, le compagnon de Soline, bédéiste qui trouve en Fiorella l'un de ses personnages. Fiorella tombe amoureuse de Boris et décide de s'enfuir avec lui, même contre son gré.
Une drôle d'aventure que celle qu'écrit Noël Sisinni. Cette fuite de Fiorella, sans avenir, est poignante, dure. La jeune fille oscille entre une grande tendresse envers Boris et Soline et une violence inouïe envers tous les autres qui veulent l'empêcher de vivre ce qu'elle pense être ses derniers instants, comme elle le veut. Boris, un peu décalé dans le monde actuel, ne se rend pas bien compte de tout, c'est Fiorella qui mène la course. Et elle va vite, veut vivre pleinement ces moments, surtout que les flics commencent à les rechercher.
Fiorella est un personnage fort, qui risque de rester dans les têtes des lecteurs tant elle passe d'un extrême à l'autre en une fraction de seconde. Totalement imprévisible, je me suis longtemps -jusqu'au bout en fait- demandé comment elle allait réagir devant telle ou telle situation et comment tout cela allait finir.
Dans une langue simple, rapide, pas mal dialoguée dans de courts chapitres qui alternent les narrateurs, Noël Sisinni ne perd pas de temps, va au plus direct, en ménageant ses effets. Même s'il écrit un roman noir rapide, il sait jouer avec les émotions de ses personnages, leurs doutes, leurs peurs. Ce n'est pas un polar sur-vitaminé qui voit se succéder les actions violentes, l'auteur laisse la place à d'autres choses plus profondes. La phrase tirée du livre et mise en exergue devrait finir de faire basculer ceux que je n'aurais pas réussi à tenter, je la trouve formidable : "Elle va, le crabe dans une poche et un flingue dans l'autre, elle va..."