Le sacrifice des oubliés
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Le sacrifice des oubliés, Benoît Bernier, Ouest-France, 2020
Gilbert Fronsard, conducteur de train arrive en gare de Nantes, mais à la sortie d'une courbe, il voit un homme étendu sur les rails, qui semble sourire. Impossible d'arrêter le train. C'est le troisième mort écrasé sous un train dans la région depuis quelques semaines. Pas d'indice, pas d'empreinte, rien ne permet d'identifier les morts ni a fortiori de retrouver leur meurtrier, car il s'agit bien de meurtres, les victimes ayant été attachées.
Livius Carmin journaliste dans un hebdo ne veut pas se contenter de vagues hypothèses, d'article vides, il cherche, aidé par son ami flic David Durieux et par son grand-père très avisé. Il ne sait pas encore à quel point il va être impliqué dans cette histoire.
Premier roman de Benoît Bernier, infirmier en psychiatrie de son autre état. Et premier roman noir très convaincant. D'abord par l'intrigue ou devrais-je dire par les intrigues mêlées qui m'ont tenu, m'ont fait envisager l'implication de pas mal de monde -le roman ne mettant pas en scène une foultitude de personnes, forcément un moment on a la bonne réponse, mais sans le savoir et surtout sans connaître les mobiles.
Ensuite, par les intervenants, Livius en tête, sympathique, un rien glandeur, bosseur dès qu'il flaire la bonne histoire mais pas prêt à tout pour écrire le scoop du siècle. Bien entouré par un grand père qui lui donne de bons conseils, par son ami flic David chacun profitant de l'amitié de l'autre sans arrière pensée, juste parce qu'ils sont amis. Pas mal aussi de personnages secondaires bien campés qui donnent de l'épaisseur à Livius et au bouquin.
Et enfin, c'est l'écriture, le ton de l'auteur qui enlève le tout. Humour, ironie, sarcasmes, second degré, tout cela dans une langue moderne et vive, parfois argotique, qui m'a ravi. En outre, Benoît Bernier fait intervenir un corbeau qui, dans ses missives, use d'un langage tout autre, châtié voire désuet et un poil ampoulé, qui prouve d'abord qu'il sait écrire et ensuite que son écriture colle bien à ses personnages qu'on visualise ainsi davantage. Aucun ennui, 250 pages avalées sans s'en rendre compte.
Format -et prix- poche pour la collection Empreintes de Ouest-France qui est, avec entre autre Le sacrifice des oubliés -le titre est déjà formidable-, sur les bons rails (c'était trop tentant).