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Le grand sommeil

Publié le par Yv

Le grand sommeil, Raymond Chandler, Gallimard, 1948 (traduit par Boris Vian)

Le général Sternwood fait appel à Philip Marlowe, détective privé pour arranger une histoire de maître-chanteur dans laquelle sa fille cadette Carment est impliquée. Celle-ci, droguée, dépourvue de toute morale pour l'époque (années 30), érotomane, a été prise en photo nue et c'est cela que le maître-chanteur veut monnayer. La fille aînée Vivian est joueuse, perd de grosses sommes ; son troisième mari a mystérieusement disparu depuis un mois. Marlowe accepte d'aider le vieux Sternwood et se retrouve bientôt entouré de tout ce que la ville compte de gangsters et des deux filles du général.

Raymond Chandler (1888-1959) fut avec Dashiell Hammett l'un des fondateurs du nouveau polar, du roman noir dans lequel les frontières entre le bien et le mal sont très perméables et dans lequel l'action et la violence priment. Le grand sommeil, écrit en 1939 (adapté au cinéma avec Humphrey Bogart en Marlowe et Lauren Bacall en Vivian Regan, par Howard Hawks) est traduit par Boris Vian et publié dans la Série noire de Gallimard en 1948.

Et que dire d'autre que c'est formidable de lire un grand classique du genre ? Depuis longtemps je m'étais dit qu'il fallait que je le lise, et puis, les autres sollicitations livresques arrivant, je repoussais... Ne faites pas cela, foncez et lisez ce grand roman noir. Tout y est : les bons, les méchants qui changent parfois de place. L'alcool, la clope, le sexe, mais rien à voir avec ce qui s'écrit de nos jours en la matière, pensez donc : de simples photos de nus d'une jeune femme riche et paumée forcent son père à engager un détective !

Il y a surtout Marlowe, un détective un poil blasé, qui fonce et n'hésite pas à braver les gangsters pour arriver à ses fins. Et enfin, l'écriture relâchée de Raymond Chandler, oralisée qui garde néanmoins des traces de classicisme grâce à l'usage du passé simple et de l’imparfait du subjonctif aujourd'hui tombé en désuétude, ce qui est fort dommage. Bref, un classique, un grand classique qu'on trouve aisément. Un conseil : je ne sais pas si d'autres traductions existent, mais préférez celle de Boris Vian, ça double le plaisir. Comment résister à ce qui suit ?

"Au septième étage, je gagnai la suite de petits bureaux occupés par les sous-ordres du Procureur du District. Celui d'Ohls n'était pas plus grand que les autres, mais il l'avait pour lui tout seul. Rien sur sa table qu'un buvard, une garniture de bureau bon marché, son chapeau et un de ses pieds. C'était un homme blondasse de taille moyenne, aux sourcils blancs et raides, aux yeux tranquilles et aux dents soignés. Il ressemblait à tous les gens qu'on croise dans la rue."

L'ultime sollicitation vient d'Hélène.

PS : si mes calculs sont bons, cet article est le 2000ème du blog en douze années...

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K
Bon choix en effet!<br /> Le pauvre passé simple, utilisé 'au hasard' avec l'imparfait, ça a le don de m'agacer.
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Y
et oui, ce n'est pas toujours bien fait
L
je lirai sans doute ce roman, je voulais dire aussi que l'emploi du subjonctif imparfait vient de la traduction. En français on utilise le subjonctif présent sans faire la concordance des temps, je ne sais pas pourquoi mais dans les traductions venant de l'anglais les traducteurs respecte cette concordance, et personnellement ça me gêne de voir des truands populaires parler ou penser avec l'imprafait du subjonctif
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Y
c'est vrai que si c'est du dialogue, ça heurte un tantinet, mais lorsqu'il s'agit du récit, ça me va.
G
Je partage votre enthousiasme pour ce grand classique, et par la même occasion vous rappelez que Boris Vian fut aussi un traducteur de talent.
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Y
Et oui, c'était un homme aux multiples talents, il y en a quelques uns comme ça