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Les enfants terribles

Publié le par Yv

Les enfants terribles, Jean Cocteau, Grasset, 1929....

Paul est fasciné par Dargelos, leader du collège, cancre qui sait jouer de sa popularité. Pour l'impressionner, Paul l'approche, mais Dargelos lui envoie une boule de neige dans le cœur de laquelle il a placé un caillou. Paul s'écroule et est emmené en auto chez lui par son ami Gérard. Paul vit avec sa sœur Elisabeth, ils sont encore des enfants, mais se débrouillent par eux-mêmes, Elisabeth s'occupant même de sa mère dépressive et alitée qui bientôt les laisse seuls. Gérard, élevé par un oncle riche, passe de plus en plus de temps avec ses amis allant jusqu'à dormir avec eux, dans leur chambre, véritable grotte.

"Haines et fous rires se déroulaient ensemble, car quelque habitude qu'on eût de leurs volte-face, il était impossible de prévoir la seconde où ces deux tronçons convulsés se réuniraient et ne formeraient qu'un seul corps. Gérard espérait et redoutait ce phénomène. Il l'espérait à cause des voisins et de son oncle ; il le redoutait parce qu'il liguait Elisabeth et Paul contre lui." (p. 49) C'est un amour féroce, impitoyable et mortifère qui unit le frère et la sœur. Tellement dense qu'il est quasiment impossible pour quiconque de s'y immiscer, de nouer une relation avec l'un ou l'autre. Seul Gérard et bientôt Agathe y parviennent, mais à quel prix ?

Quatre-vingt-dix ans après l'écriture de cet texte, on collerait une étiquette pathologique sur les deux héros : dépressifs, bipolaires, paranoïaques, ... tant leurs émotions, leurs actions fluctuent des pires tréfonds de leurs êtres aux plus grandes exaltations et explosions d'un bonheur feint et surjoué. Jean Cocteau sait décrire ces passages avec simplicité, ce qui rajoute de la force aux tourments des deux jeunes personnes. Point d'emphase et d'emportements, la langue sans être austère est classique, s'emporte parfois dans les descriptions des lieux, de la décoration mais redevient plus basique pour les êtres. C'est un récit dont on ne voit pas comment il pourrait finir bien, mais même avec Cocteau, on n'est jamais à l'abri d'une surprise. Un classique, d'un homme important dans la première moitié du XX° siècle, peut-être un peu oublié de nos jours.

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A
je l'ai lu quand j'étais ado et je n'en garde pas un souvenir heureux. Non pas à cause du thème mais parce que je n'ai pas bien réussi à comprendre ce que faisaient ces enfants livrés à eux-mêmes... Il faudrait que je le relise; avec le temps, ce "blocage" de base a disparu et me donenrait une autre vision de l'oeuvre de Cocteau.
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Y
C'est évident que l'écueil est infranchissable si tu t'accroches à cette question, il faut passer outre certains principes réels. Il m'arrive aussi parfois de bloquer sur des détails qui m'empêchent de profiter du livre.
A
Tiens, je crois que je ne l'ai jamais lu.
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Y
c'est ce que je me suis dit lorsque je l'ai vu dans les rayonnages de la bibliothèque