Demande à la savane
Demande à la savane, Jean-Pierre Campagne, Jigal polar, 2019.....
Cœur léger était flic. Il a été viré et s'est établi en tant que privé. Jane, sa sœur, son amour de jeunesse, son amie, journaliste, lui demande de l’assister lorsqu'elle doit s'entretenir avec un informateur sur le trafic d'ivoire qui continue au Kenya. Lenos, garde forestier est le témoin du massacre de trois éléphants tués pour leurs défenses. Cette chasse aux trafiquants d'ivoire croise celle d'un terroriste, donnant à cette histoire un ton plus que terrible.
N'y allons pas par quatre chemins, j'ai adoré !
Quelle claque ! Ce roman de 150 pages est d'une originalité et d'une force incroyables, et je pèse mes mots. L'écriture de JP Campagne est un régal qui oscille entre poésie, brutalité, descriptions des lieux et des personnes qui pourraient paraître courtes et qui pourtant sont juste suffisantes. Une langue au minimum. "Cœur léger a vieilli, il a pris du poids, il a déjà un pli à la nuque quand il porte la veste. Le jour où il en aura deux, si ce jour arrive, il rejoindra la bande des gonflés, des réussis, des pas crève-la-faim, pas crève-de-palu, pas crève-du-sida." (p.7/8)
Une langue qui dit tout sans détour, qui ne digresse pas. Sans doute faut-il entrer dedans et prendre le pli de lire entre les lignes tout ce qui y est clairement noté et si tel est le cas, ce roman noir devient tout simplement l'un des tout meilleurs lus dernièrement. JP Campagne joue avec les images, les mots, c'est un peu comme quand un taiseux s'exprime, il ne lui faut que quatre mots pour se faire comprendre là où le bavard moyen a besoin d'une page entière.
J'en suis encore sur le cul. J'aime beaucoup le travail de la maison Jigal, j'y ai lu beaucoup d'excellent romans, celui-ci entre dans mon panthéon jigalien. Croyez-moi sur parole : inévitable, chaud, poisseux, lourd, râpeux, la violence y est présente sans être décrite on la ressent, noir, très noir, éléphantesque si je puis me permettre.