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Le fruit de mes entrailles

Publié le par Yv

Le fruit de mes entrailles, Cédric Cham, Jigal polar, 2018....,

Simon Vrinks est incarcéré pour attaque à mains armées, sans nouvelle de son  épouse depuis des années. Un jour, elle vient au parloir lui annoncer la mort de Manon, leur fille de vingt ans, vraisemblablement torturée, massacrée. Simon sait alors qu'il va  s'évader et lui rendre justice à sa manière.

Amia, vingt ans, est prostituée. Elle subit les pires outrages de Dimitri, son mac, survit difficilement aux traitements qu'il lui inflige et aux demandes parfois violentes des clients. Lorsqu'elle apprend qu'elle est enceinte, elle décide de tout quitter, mais Dimitri ne la laissera sûrement pas partir. 

Alice Krieg, capitaine de police est sur la trace de Simon Vrinks, obstinée, pugnace.

Ce roman noir pourrait se résumer à une longue course-poursuite de 275 pages. Vrinks poursuit les bourreaux de sa fille, Alice Krieg poursuit Vrinks. Amia est au milieu qui tente, elle, de recommencer sa vie. Et s'arrêter là serait réducteur, car Cédric Cham en plus de construire une histoire rapide, violente, forte, y place des personnages qui n'ont plus rien à perdre, qui iront jusqu'au bout tout en se posant pas mal de questions sur les actions passées, sur l’impact d'icelles sur leur vie et celles de ceux qui les entourent ou plus exactement qui les on entourés, car ils sont seuls. C'est un polar punk. No future ! Le rythme pourrait être largement accompagné des décibels de groupes punks, alors que, contre toute attente de ma part, la play-list de l'auteur, en fin d'ouvrage, est assez loin de ce genre musical, plutôt électro et folk. 

Il est difficile de décrocher de ce roman, construit en courts chapitres avec les différents intervenants qui se croiseront et/ou se fréquenteront. Hors cette course effrénée, c'est aussi une histoire d'amour pas commune, mal embarquée, qui pourrait pourtant bien finir en happy end. C'est cela qui est bien aussi avec Cédric Cham, c'est que l'on ne sait jamais comment va finir son histoire -sauf à la fin-, on oscille toujours entre le pessimisme qui conseille de ne pas y croire tant tous les intervenants sont cabossés, et l'optimisme qui, lui, fait pencher la balance vers un dénouement heureux après tant de heurts et malheurs. 

J'ai beaucoup aimé ce récit haletant, ultra rythmé, qui n'oublie pas les personnages au profit de l'action comme c'est parfois le cas dans le genre polar rythmé. C'est noir, très noir, presque outrenoir -de Pierre Soulages-, ce noir sur lequel la lumière varie, cette petite lumière pas totalement absente du roman de Cédric Cham.

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E
Il me tente bien, il a l'air très original, je le retiens.
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Y
oui, un polar très bien, original
A
Un roman course poursuite ? Ou ça passe, ou ça casse.
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Y
là, ça passe très largement
M
Belle critique ! La fin (hommage à Soulages) est splendide et donne irrésistiblement envie de plonger dans ce livre. Merci.
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Y
J'aime beaucoup Soulages et j'ai eu la chance de visiter son musée à Rodez, vraiment très beau